Résumé
Au cours des années 1960, plus d’un million d’individus qu’on accuse d’être communistes sont exécutés en Indonésie par les escouades de la mort. Une organisation paralimitaire se forme. Cinquante ans plus tard, l’ancien leader de l’un de ses groupes accepte de témoigner en exposant les méthodes de torture employées à l’époque.

En quelques mots
★★★
Le réalisateur américain Joshua Oppenheimer nous propose pour sa première réalisation une œuvre documentaire glaçante qui ne laissera personne indifférent. Dans ce pamphlet traitant des horreurs perpétrées en Indonésie au milieu des années 1960, Oppenheimer, à l’instar du franco-cambodgien Ritty Panh, filme l’exorcisation de l’horreur, telle que vécue par les tortionnaires eux-mêmes. Souhaitant faire un long métrage de fiction sur leur passé anti-communiste, plusieurs membres des Pancasila Youth (un groupe de paramilitaires très puissant dans le pays) rejouent avec un bonheur immense et une précision obsessive les crimes qu’ils ont commis sur plusieurs millions d’habitants. Aidés par des membres de la population recrutés dans la rue, ils mettent en scène les interrogatoires truqués, les meurtres sadiques des maris, femmes et enfants, et ce, de la façon la plus exacte possible, tout en reconnaissant, du même souffle, que leurs crimes étaient dirigés contre des innocents.

La mise en scène de la destruction du village de Kampung Kolam, est à ce titre totalement surréaliste et se retrouve parmi les scènes les plus choquantes qu’il nous ait été donné de voir depuis bien longtemps. Se tenant à l’écart de son sujet et n’intervenant que très peu, le film pose plusieurs questions essentielles sur l’impunité des tueurs et la quasi dévotion du peuple indonésien envers ces exterminateurs, tout en posant indirectement des questions d’ordre moral en ce qui concerne l’acte de filmer l’horreur ou sa représentation, à des fins documentaires. Faut-il en aller jusqu’à la dramatisation de ce qu’il y a de plus atroce pour que nous en appréhendions sa dimension ? Voilà des remises en causes profondes et essentielles auxquelles nous sommes confrontés en voyant le film. Sur ce plan le cinéaste s’en sort à merveille. Recréée à la manière d’un spectacle haut en couleurs, l’horreur montrée par Oppenheimer, ainsi que le règne de la terreur qu’elle engendre, prend la forme d’un théâtre populaire, absurde, irréel, mais jamais banalisé. >> Charles-Henri Ramond

Sortie : Vendredi 9 août 2013
V.o. : Anglais / Indonésien
S.-t.f. – L’Acte de tuer
S.-t.a. – The Act of Kiling

DOCUMENTAIRE | Origine : Danemark / Norvège / Grande-Bretagne – Année : 2012 – Durée : 1 h 57  – Réal. : Joshua Oppenheimer – Dist. / Contact : EyeSteelFilm | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc – Excentris

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.