3 avril 2014
Entouré de deux brillants scénaristes acolytes, Héctor Cabello Reyes et Olivier Demangel, l’iconoclaste Albert Dupontel construit volontairement ses dialogues sur un ton incisif, sournois, pince-sans-rire, parfois même affreux, sale et méchant. Son pouvoir de séduction, c’est dans les mots traitres, grossiers, invulnérables et pleins de rage qu’on le trouve ; mais aussi dans les scènes chocs qu’il impose avec une grâce animale. Impossible de ne pas réagir à cette autopsie ensanglantée, alors que l’exécutant se débrouille pour que les bruits provoqués par le matériel employé montrent leur fureur affriolante ; l’échographie annonçant la grossesse de la protagoniste est aussi une séquence d’anthologie. Par sa nonchalence et sa truculence, par son je-m’en-foutisme et sa déreliction. Les esprit tordus en ont pour leur argent (et tant mieux !). Les autres, moins avertis, s’en donnent tout de même à cœur joie puisque Dupontel ne cesse de réinventer l’absurde dans le jeu et l’inconcevable dans la mise en scène.
Il semble nous dire qu’après tout, « nous ne sommes qu’au cinéma et tout est permis ». Une fois cette hypothèse acceptée, on se laisse emporter par ce jeu pervers qui constitue la majeur partie du film ; et d’un coup, cet univers en décomposition morale se transforme en une bizarre histoire d’amour non consommée qui montre qu’en fin de compte, la trendresse est un sentiment accessible à tout le monde.
Entre la célibataire quanrantenaire qui rêve de carrière plus importante et l’accusé de crimes atroces (est-il coupable ou pas ?), une possible relation se crée au fil des jours. Conscient de la tournure des événements, de ces paradoxes narratifs, Dupontel atténue d’un coup la mise en scène grandiloquente tout en conservant la pugnacité requise. Comédie grand public, 9 mois ferme est un grand rire garanti, intelligent parce que calibré à point, superbement mené par des comédiens exceptionnels qui ont un plaisir fou à simplement déconner, par plaisir, par instinct, pour nous emmerder ; et nous en redemandons. Et puis, une surprise : la présence éphémère d’un Jean Dujardin imbattable dans la peau d’un traducteur télé pour malentendants.
COMÉDIE
Origine : France – Année : 2013 – Durée : 1 h 22 – Réal. : Albert Dupontel – Int. : Albert Dupontel, Sandrine Kiberlain, Philippe Uchan, Nicolas Marié, Bouli Lanners, Gilles Gaston-Dreyfus – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex
Mise aux points
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul. ½ (Entre-cotes) — LES COTES REFLÈTENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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