8 octobre 2014
En quelques mots
Texte : Élie Castiel
Cote : ★★★ 1/2
Drôle de parcours que celui de Christophe Gans. Habile artisan et enraciné dans un cinéma à sensations et spectaculaire, il assume ses fonctions avec une rigueur parfois déroutante. Nostalgique d’une certaine époque du cinéma d’épouvante, notamment celui de la célèbre Hammer britannique, il conçoit Le Pacte des loups (2001) avec un enthousiasme délirant. Exemple de type de film à costumes, repris cette fois-ci dans La Belle et la Bête, adaptation du célèbre conte de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve.
Comment ne pas évoquer Jean Cocteau qui, à son tour, avait réalisé un chef-d’œuvre en déconstruisant le récit selon une optique, époque et sensibilité obligent, poétique et surréaliste. Nous sommes ici à des années lumière de l’opus coctien, mais force est de souligner que Gans s’en tire tout de même assez bien, dans l’ensemble, les grands atouts formels y faisant foi.
Si le dialogue laisse parfois à désirer, l’esthétique s’assume au grand jour, sorte de continuité avec Le Pacte des loups. S’il mime Cocteau côté scénario, la narration possède une couche différente, moins abstraite, comme s’il s’agissait de cibler un certain public. Conte de fées, parcours initiatique d’une jeune fille, rebelle pour l’époque, La Belle et la Bête compte surtout sur les notions d’éblouissement, d’extase et de sublimation. Cela se voit dans l’amour qui se forme progressivement entre Belle et la Bête. Et ça provoque une émotion qui saura ravir les publics de tous âges.
Le pari est donc gagné. D’autant plus vrai que les comédiens croient davantage au projet. Sans trop y mettre, Léa Seydoux oublie les bouleversements saphiques de La Vie d’Adèle pour affirmer une sexualité hétérosexuelle, pour l’époque et dans le contexte du conte, extériorisée. Le jeu d’André Dussolier, habitué depuis un certain à l’univers du regretté Alain Resnais, reprend ici son souffle et s’offre le luxe d’un rôle de composition. On pourrait émettre quelques réserves quant à l’apport d’Audrey Lamy et Sara Giraudeau, deux sœurs plutôt caricaturales, propices cependant aux codes du conte. L’Espagnol Eduardo Noriega évite de justesse les excès du manichéisme réducteur et livre tout de même une performance honorable.
Mais ce qui transparaît dans le film de Gans, c’est surtout le rapport conflictuel entre l’animal et la bête, et que seul l’amour de Belle pourra transformer. Le message est clair : le sentiment amoureux (d’où l’omniprésence de la rose) peut tout métamorphoser. Et pour le cinéma français, habitué le plus souvent aux comédies ou aux drames parisiens ou régionaux, voici un exemple de film qui puise dans les sources fructueuses de l’imaginaire.
Genre : Conte fantastique | Origine : France / Allemagne – Année : 2014 – Durée : 1 h 53 – Réal. : Christophe Gans – Int. : Léa Seydoux, Vincent Cassel, André Dussolier, Eduardo Noriega, Myriam Charleins, Audrey Lamy, Sara Giraudeau – Dist. / Contact : Niagara | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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