En salle

Mr. Turner

23 décembre 2014

CRITIQUE
UN ARTISAN DE LA LUMIÈRE
Luc Chaput
★★★★

Un homme portant peu de bagages marche sur la rue principale d’un village côtier britannique. Il aperçoit une enseigne de chambre à louer et demande à la visiter. Il donne un pseudonyme. M. Mallard Il est Joseph Mallord William Turner qui vient travailler à Margate, sur la Mer du Nord où il fut écolier pensionnaire.

Mike Leigh, réalisateur britannique, dont l’œuvre complète scrute de manière souvent acerbe les travers de sa société et ses transformations (Naked, Secrets and Lies ), retourne ici à l’époque victorienne comme pour son Topsy Turvy sur les librettiste et compositeur Gilbert et Sullivan. Le scénario de Leigh, fruit d’une longue recherche, souligne la complexité de cet artiste, travailleur acharné doté d’un talent reconnu dès l’adolescence. Turner, fils d’un barbier avec lequel il vécut pendant de nombreuses années, se considérait tout d’abord un artisan. Le cinéaste le montre arpentant les diverses régions du Royaume-Uni pour en capter par croquis, dessins et aquarelles, leurs grandioses beautés dont il retranscrira l’essence dans de magnifiques peintures dans son atelier londonien.

Peu éduqué, il a gardé son accent plébéien et son génie pictural le fait malgré tout accepter par l’aristocratie ou la haute bourgeoisie qui visite son atelier ou les salons d’exposition de l’Académie royale. Leigh y montre toute la rivalité entre Constable et Turner, les piques, les conseils et le travail de ces peintres maintenant plus ou moins connus qui continuent de finir in situ leurs œuvres devant être prêtes pour la vente le lendemain ou dans les jours suivants.

Le directeur photo Dick Pope capte de manière subtile les diverses atmosphères qui entourent ou surgissent de ces lieux et paysages que Turner magnifiera par quelques oppositions de taches de couleurs. Timothy Spall mérite amplement le Prix d’interprétation décerné à Cannes pour son aisance à montrer le caractère bourru, les avanies et la grandeur d’âme qui se côtoient dans cet homme obsédé par la capture d’une lumineuse beauté toujours fuyante. Le cinéaste Mike Leigh a réussi un grand film sur l’art car il place le spectateur dans ce monde où il assiste à l’émergence de formes d’art qui continuent à nous émouvoir et à nous interpeller, ne serait-ce que dans Rain, Steam and Speed – The Great Western Railway.

Sortie : Jeudi 25 décembre 2014
V.o. : anglais
S.-t.f. – M. Turner

Genre : Drame biographique | Origine : Grande-Bretagne / France – Année : 2014 – Durée : 2 h 30 – Réal. : Mike Leigh – Int. : Timothy Spall, Dorothy Atkinson, Paul Jesson, Marion Bailey, Lesley Manville, Martin Savage – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions  Beaubien Cineplex

CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL

MISE AUX POINTS
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