5 février 2015
DRAME > Origine : Russie–Année : 2014 – Durée : 2 h 21 – Réal. : Andrei Zviaguintsev –Int. : Aleksay Serebryakov, Vladimir Vdovichenkov, Elena Lyadova, Roman Madyanov, Sergueï Ppkhodaev, Ana Ukulova – Dist./ Contact: Métropole | Horaires/Versions : Beaubien – Excentris – Cineplex
CLASSIFICATION
Visa GÉNÉRAL
Si le Léviathan annonce dans la bible le chaos, la fin du monde, Leviathan d’Andrey Zvyagintsev illustre de manière magistrale le chaos le plus absolu de mondes enchaînés par le mal. Tous les systèmes y sont représentés et se nourrissent, que ce soit la mafia, la religion, la femme, l’homme, l’adultère, l’alcool, la Russie de Poutine et travers elle, peut-être notre monde.
L’histoire se déroule dans une petite ville au bord de la mer de Barents. Le maire corrompu de la ville, Vadim, veut s’emparer de la maison Kolia et Lilya. Autant dire que seuls, ils ne peuvent se battre contre ce maire. Kolia va faire appel à son ancien compagnon d’armes devenu avocat à Moscou, Dmitri, qui débarque dans la petite ville. Le Léviathan des temps modernes est un monstre mafieux, un monstre de passe-droits, un monstre d’arrangements favorable aux plus forts, qui se faufile là où on ne l’attend pas. La fin justifie les moyens.
Grâce à un scénario – coécrit avec Oleg Negin – où chaque détail a sa place, la métaphore biblique devient le cauchemar le plus réaliste qui soit. Tout d’abord, dès le début du film, la lecture par la procureure du jugement du tribunal quant à l’expropriation de la maison de Kolia, annonce le ton et le déroulement du film. La lecture, longue lecture du jugement, est monocorde, voire machinale. Derrière une maison ancestrale, il n’y a pas d’être humain, il y a un état, qui plus est, corrompu. Si les être humains dérangent la machine, celle-ci les détruira.
L’ami avocat l’a bien compris et a amassé des documents incriminant le maire, qui lui s’appuie sur ses pions procureurs, police et évêque. Le Léviathan peut maintenant se déployer de toutes les manières que l’on n’aurait pas imaginé.
Grâce à son scénario, Leviathan est un équilibre réussi entre poésie et barbarie, entre drame et humour. Poésie parce que dans cette Russie où la loi du plus corrompu règne, l’amitié entre Kolia et Dimitri, l’amour entre Kolia et Lylia, entre Kolia et son fils Roma, et malgré la rudesse de l’histoire, ces temps-là sont suspendus, toujours en filigrane. L’humour a également sa place dans des moments où on s’y attend le moins. La narration est volontairement froide, voire glaciale, malgré des personnages attachants qui réussissent à amener une certaine chaleur avec des scènes franchement drôles. Les acteurs sont à la fois ancrés dans leurs personnages et en même temps, détachés de leur vie, détachés du temps.
Il est à noter le réalisme et de l’histoire, et de la construction narrative. Chaque mot est pesé, chaque silence fait entrer le spectateur dans la crainte ou dans la colère, chaque image transporte l’histoire dans la désolation.
MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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