En salle

Les Merveilles

6 mars 2015

Nectar aussi brut que délicat

Charles-Henri Ramond
CRITIQUE
★★★ ½

Afin de parvenir à partager l’odyssée de Gelsomina, jeune italienne vivant à la campagne avec ses sœurs, sa mère attentive et son père apiculteur, le spectateur aura dû traverser avec elle les lentes afflictions de sa jeunesse maladroite. Dans ce voyage initiatique contemplatif, plusieurs longueurs verront inévitablement le jour, car le regard de la cinéaste flâne sur les choses, les gestes et les gens, et prend le temps qu’il faut pour nous faire partager le quotidien difficile de cette enfant déjà trop adulte.

En marge de la vie de Gelsomina, la caméra à l’épaule accompagne les moments les plus simples de la dure vie de cette famille totalement anormale, vivant au rythme des saisons dans un ghetto créé de force par le père afin de protéger les siens des assauts du monde moderne. Gelsomina, au centre de cette vision naturaliste d’une cellule aux portes closes, vit un peu à l’écart. Bien que les vacances soient synonyme d’entraide et de travail et que les récoltes de miel marquent le temps qui passe, elle se sent tiraillée par le rêve et l’envie d’émancipation. Un concours de téléréalité lui offrira une opportunité idéale.

Les Merveilles

Le film est vieux d’une heure. Les images sont limpides, les couleurs éclatantes sont baignées du soleil estival. Le film est beau. Lent mais beau. Et il manque certaines clés (le jeune Allemand, d’où vient-il ?). Mais, une fois son environnement mieux cerné, une fois montrée la résistance d’une forme d’agriculture humaine luttant contre les risques de la globalisation, Les Merveilles se tourne vers une exploration douce et touchante d’un monde irréel que Gelsomina se créé, à l’abri du monde adulte.

Le film devient onirique, oublie le quotidien et sa dureté pour verser dans un monde improbable fait de disparitions mystérieuses, d’îles du plaisir, de célébrations païennes et de rêves, étranges, vrais ou faux, peu importe. Les images se sont assombries, les atours mordorés des costumes alertent sur de possibles miroirs aux alouettes. Pour notre plus grand bonheur, la cinéaste a choisi la poésie, donnant à son titre toute sa signification.

Les Merveilles se tourne vers une exploration
douce et touchante d’un monde irréel…

À l’image de ces ombres produites par la jeune fille sur les murs d’une caverne profonde, Les Merveilles nous offre alors un reflet du monde dans lequel l’irrationnel et l’incongru côtoient le concret, jouant sur des frontières de plus en plus floues. Un irrationnel qui prendra le dessus dans d’ultimes images de la ferme familiale, suffisamment fortes pour laisser s’immiscer en nous une part du rêve véhiculé tout au long de cet été merveilleux. Une conclusion fantomatique parfaitement amenée marque ainsi la fin de cette œuvre atypique, délicate et sensible.

revueséquences.org

Sortie : Vendredi 6 mars 2015
V.o. : italien
S.-t.f.  – Le meraviglie
S.-t.a. The Wonders

Genre : Drame – Origine :   Italie / Suisse / Allemagne– Année : 2014 – Durée : 1 h 50 – Réal. : Alice Rochwacher – Int. : Sam Louwyck, Maria Alexandra Lungu, Alba Rochwacher, Agnese Graziani, Sabina Timoteo, Monica Bellucci – Dist. / Contact : FilmsWeLike.
Horaires : Beaubien Cinéma du Parc

CLASSIFICATION
En attente de classement

MISE AUX POINTS
★★★★★ (Exceptionnel). ★★★★ (Très Bon). ★★★ (Bon). ★★ (Moyen). (Mauvais). ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

 

 

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