RÉSUMÉ SUCCINCT
Laissant à terre son amoureux, Alice, mécanicienne navigante, embarque sur le Fidelio et rencontre le capitaine Levasseur, un de ses anciens amants.

ET VOGUE LE NAVIRE

Pierre Ranger
CRITIQUE
★★★

Alice nue nage dans l’eau et rejoint Félix, son amoureux, assis sur la rive qui l’observe et sourit. Ils s’embrassent, ils font l’amour. Ils sont amoureux. Quoi que bien réelle, leur idylle est continuellement interrompue par le travail exigeant d’Alice, marin et mécanicienne à bord du vieux cargo, le Fidelio. C’est là où elle découvre le carnet de bord du mécano récemment décédé qu’elle est appelée à remplacer. C’est à cet endroit aussi qu’elle retrouve par hasard Gaël, le commandant du navire, qui est son premier véritable amour.

Lucie Borleteau qui signe ici son premier long métrage souhaitait à prime abord réaliser un documentaire sur le travail des marins et les enjeux du métier. Après avoir rencontré plusieurs navigateurs qui lui ont parlé de leur réalité et des difficultés ou des joies à concilier la vie de marin et leur vie amoureuse, la réalisatrice s’est toutefois ravisée jugeant qu’une fiction serait plus appropriée pour un tel sujet.

Fidelio, l’odyssée d’Alice juxtapose avec brio les genres. L’aspect presque clinique du travail des marins emprunte au documentaire alors que les relations sentimentales des personnages sont tournées comme une fiction. Si bien que ce huis-clos maritime, filmé dans un format scope qui renforce l’impression de claustrophobie, est habilement scénarisé par Lucie Borleteau, Clara Bourreau et Mathilde Boisseleau. On y suit en filigrane les parallèles que la protagoniste établit entre sa destinée, ses désirs et les tournants de sa vie amoureuse.

L’aspect presque clinique du travail des
marins emprunte au documentaire alors
que les relations sentimentales des
personnages sont tournées comme une fiction.

À juste titre, la remarquable et magnifique Ariane Labed, qui incarne Alice avec une désinvolture et une joie de vivre contagieuses, a remporté le Prix de la meilleure interprétation féminine au Festival du film de Locarno l’année dernière. C’est sur elle que la réalisatrice braque sa caméra brossant ainsi le portrait de cette femme marin à la fois séductrice et mystérieuse qui exerce avec doigté un métier viril dans un univers masculin. Car bien qu’Alice soit la coqueluche de l’équipage, elle est aussi fort respectée par les marins qui la perçoivent davantage comme one of the boys (n’a-t-elle pas d’ailleurs comme eux une sexualité débridée ?), partageant avec elle leurs inquiétudes, leurs réflexions sur l’amour et l’amitié ainsi que leur quotidienneté entre le tintamarre strident des machineries et l’immensité de l’océan.

Ainsi vogue le vieux navire sur les flots tantôt calmes et parfois houleux comme Fidelio, l’odyssée d’Alice, un drame envoûtant.

Sortie : Vendredi 26 juin 2015
VO : français

Genre : Drame – Origine : France – Année : 2014 – Durée : 1 h 37 – Réal. : Lucie Borleteau – Int. : Ariane Labed, Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie, Pascal Tagnati, Bogdan Zamfir, Jean-Louis Coulloc’h   –  Dist. / Contact : FunFilm.
Horaires : @ Beaubien

CLASSIFICATION
Interdit aux moins de 16 ans

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ (Entre-deux-cotes) – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.