22 avril 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Mariée et mère de deux adolescents, Alice contemple sa vie telle une spectatrice. Le retour de son frère Nathan, un jeune homme instable au passé suicidaire, lui apporte une joie très brève. À peine Nathan lui a-t-il confié avoir enfin rencontré l’amour au Japon qu’Alice se braque et Nathan la quitte sous le coup de la colère. La même nuit, il est victime d’un accident mortel. Secouée, Alice décide de se rendre à Tokyo pour annoncer la nouvelle à la fiancée de son frère.
Tiré du roman éponyme de l’incontournable Olivier Adam, adapté entre autres avec les films Je vais bien ne t’en fais pas (Philippe Lioret, 2006) ou Des vents contraires (Jalil Lespert, 2011), Le cœur régulier propose une odyssée mutique vers la rédemption dans toute la splendeur des côtes japonaises. Après Beyond The Steppes, son premier long métrage réalisé en 2010, Vanja d’Alcantara dresse à nouveau le portrait d’une femme déracinée, de sa quête d’apaisement et de sa réconciliation avec la douleur. Sans sombrer dans la carte postale, mais sans non plus parvenir à se libérer totalement d’une imagerie orientale convenue, la réalisatrice belge nous transporte dans un pays ni tout à fait réel ni entièrement imaginaire; plus précisément en haut des falaises abruptes du village de Tojimbo, là où des centaines d’âmes perdues trouvent chaque année un ultime repos.
Ce lieu reclus, receleur de toutes les tragédies, sera pour Alice, marquée par un drame familial presque banal, l’occasion de s’offrir au recueillement et de prendre le recul nécessaire pour effectuer un salutaire retour sur soi. Le temps de réécouter son cœur et de lui redonner un battement régulier, loin des soubresauts de sa vie européenne. Durant ces moments privilégiés, elle apprivoisera le souvenir volatile de son parent disparu, grâce au contact d’un vieux sage, révélateur de conscience et libérateur d’une sensualité refrénée.
Cathartiques, les non-dits imprègnent la seconde partie du film et lui apportent une lenteur sereine, entrant ainsi en résonnance avec une prémisse trop schématique. S’installant progressivement, ces silences s’imprègnent en nous, parvenant aussi bien à marquer l’évidence du dépaysement d’Alice dans son voyage vers l’inconnu, tout en définissant adroitement sa confrontation avec l’incompréhensible de la situation et sa rencontre avec des êtres semblables dans leur désespoir, mais avec qui elle ne peut communiquer.
Isabelle Carré incarne avec la sensibilité qu’on lui connaît un personnage fragile qui doit réapprendre à vivre, mais qui doit surtout chercher en haut de ces rochers les raisons de retrouver la foi dans une vie désertée par les valeurs humaines et spirituelles. Diaphane, la comédienne trouve là un rôle à sa mesure, bien secondée par des comédiens convaincus. Niels Schneider, en frère libre comme le vent, tire son épingle du jeu malgré l’étroitesse de son rôle. On regrettera cependant que ce cheminement vers l’apaisement ne délivre que trop tardivement son plein potentiel, et se conclue hâtivement sur une note quelque peu prévisible. Malgré tout, Le cœur régulier offre suffisamment d’atouts pour que nous embarquions avec lui dans son douloureux voyage vers la lumière.
Genre : DRAME PSYCHOLOGIQUE – Origine : France / Canada [Québec] / Belgique – Année : 2016 – Durée : 1 h 35 – Réal. : Vanja d’Alcantara – Int. : Isabelle Carré, Jun Kunimura, Niels Schneider, Fabrizio Rongine, Mugi Kadowaki, Msanobu Andô – Dist. / Contact : K-Films Amérique.
Horaires : @ Beaubien
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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