5 mai 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Le cinéaste Pascal Sanchez installe sa caméra au cœur d’un complexe d’habitations à loyer modique dans le quartier Saint-Michel, témoignant ainsi des défis quotidiens relevés par une communauté multiethnique défavorisée, aidée par des associations et des bénévoles particulièrement dévoués.
À Montréal dans le quartier St-Michel, au cœur du HLM St-Michel Nord, Les vaillants nous offre un regard intimiste et contemplatif sur l’implication des bénévoles et des intervenants de diverses associations locales, telles que Mon Resto, la Maison des jeunes ou la Petite maison. Capter l’âme et la vie d’un quartier d’une métropole n’est pas chose aisée, surtout si le lieu en question charrie déjà avec lui un lot important d’images, de mots et de visions documentaires, plus souvent qu’autrement négatives. L’Est de la ville de Montréal est de ceux-là. Surtout montré par le biais d’actualités télévisées, alarmistes ou sensationnalistes, ce coin de l’Île tant décrié a déjà fait couler beaucoup d’encre. Peut-il encore nous fasciner ? Avec Les vaillants, Pascal Sanchez apporte la plus belle des affirmatives.
Tourné au rythme des saisons autour de quelques lieux emblématiques du quartier, le réalisateur, auteur du remarqué La reine malade (2010), offre un visage concret à celles et ceux qui apportent au quotidien entraide et solidarité aux résidents. Ils s’appellent Monique, Ginette, Élisabeth, José ou Monsieur Francis. On les suit dans leurs activités, leurs réunions, leurs moments de détente, mais aussi leurs interrogations sur l’avenir. On y ressent la solitude, le doute, mais aussi et surtout la joie d’aider, l’empathie et la détermination. Une force calme, aimante envers autrui qui font de ces tranches de vies positives et encourageantes une mosaïque emballante sur ce que l’humain sait faire de mieux dans des conditions difficiles.
Ouvert et sensible, Sanchez fait une entière confiance en son art. Sans ajouter de commentaires superflus, sans poser de questions, sans forcer l’harmonie. Il laisse parler la simplicité de ses images, qui, même dénuées de tout interventionnisme, n’en portent pas moins une forte valeur informative. Il utilise à merveille les profondeurs de champ, nous forçant à porter notre regard au-delà du cadre, à voir l’arbre dans la cour, la fenêtre au fond du couloir… et pourquoi pas la lumière au bout du tunnel.
Plans fixes, scènes de la vie courante et une indéniable volonté de ne pas verser dans le sentimentalisme sont de mise ici. La scène la plus émouvante (les adieux de Yimga) étant d’ailleurs presque banalement insérée au milieu du film, parce que malgré ce départ important, la vie doit continuer et parce que le combat n’est jamais fini. Mais aussi parce que le film ne veut pas utiliser cette scène pour nous rallier à sa cause. La forme est plus que convaincante. Elle rappelle les Depardon, Marker ou Philibert. L’action y est resserrée et le propos ne se disperse pas. De belles trouvailles agrémentent en outre le film, telles les notes de tournage de début de générique, ou le judicieux lien qui s’opère entre le titre du film inséré avant le générique de fin, juste après que nous ayons vu à l’écran les acteurs principaux du film. Avec ce très beau documentaire, Pascal Sanchez a placé la barre haute.
Genre : DOCUMENTAIRE SOCIAL – Origine : Canada [Québec] – Année : 2015 – Durée : 1 h 19 – Réal. : Pascal Sanchez – Dist. / Contact : Les Films du 3 mars.
Horaires : @ Cinémathèque québécoise
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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