5 mai 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Narré par Roger Waters et présentant des témoignages d’observateurs majeurs du conflit israélo-palestinien, le film explore la manière dont les gouvernements israéliens et américains, ainsi que le puissant lobby pro-israélien, ont joint leurs forces, souvent pour des motifs différents, afin de façonner une couverture médiatique du conflit en faveur de l’État d’Israël.
La difficulté avec certains documentaires idéologiques se trouve parfois dans l’argumentation des thèses initialement proposées. Dans ce jeu impulsif qui consiste en premier lieu à « prêcher aux convertis » (ça sonne mieux en anglais « preaching to the converted »), force est de souligner que dans le cas présent, tous les éléments à l’appui sont recherchés, mis en évidence, soulignant à gros traits (à la manière d’Amos Gitai) les dessous de ces injustices, illégales selon les lois internationales.
Israël, la Palestine, deux entités où la religion, dans les deux cas, a pris le dessus sur la raison. Deux têtes de mule intraitables, la première, profitant de sa puissance économique et de sa (pseudo)démocratie (venues surtout de l’étranger), et de son pouvoir militaire pour asservir une terre, en grande partie, conquise ; la seconde cherchant un territoire perdu, mais évitant le discours ou les négociations, souvent pour des questions religieuses, préférant la lutte (dés)organisée.
Les Accords d’Oslo, les multiples tentatives d’une réconciliation, les divergences au sujet de Jérusalem (encore ces foutues religions), des gouvernements arabes ne comprenant la Palestine que par des sentiments sans action, Israël évoquant la tragédie de l’Holocause (bien réelle malgré les propos inadmissibles des révisionnistes), pour justifier un système du domaine de l’Apertheid.
Des colonies qui ne cessent de croître dans des terrains illégaux. Et un droit biblique insupportable qui ne cesse de se justifier grâce aux histoires d’un bouquin écrit il y a des milliers d’années et que des recherches archéologiques1 prouvent qu’une grande partie de ces récits mille fois racontées relèvent du domaine du mythe.
Les victimes sont les Palestiniens, les agressseurs, les (soldats et gouvernement) israéliens ; tout cela au non du « nous avons le droit de nous défendre », phrase d’autant plus communautaire qu’elle exerce un pouvoir de séduction d’une incroyable précision aux principaux intéressés, c’est-à-dire à ceux qui voit les choses de la politique d’un œil à demi ouvert.
Côté palestinien, le peu de pouvoir en Cisjordanie persiste quotidiennement ; Gaza et son Hamas se débrouillent dans la misère. Tout est contrôlé officieusement par Israël, ce qui n’empêche pas les forces du Hamas à tirer des roquettes.
Mais comme l’expliquait, au cours d’un débat après la projection, Bruce Katz, membre fondateur et co-président actuel de la Palestinian and Jewish Unity (PAJU), une organisation militant pour les droits humains basée à Montréal, « dans l’état géographique actuel, il est impossible de rêver à deux états, l’un à côté de l’autre » (traduction libre de l’anglais).
Postes de contrôle (checkpoints), murs de séparation, agressions, intimidations, stress du quotidien. De l’autre côté, des agressions, de nos jours, en milieu urbain, roquettes lancées de Gaza sur Israël. Chacun défendant son idéologie avec un détermination aussi foudroyante que fanatique.
Quelle solution pour résoudre ce problème chronique, comme un maladie qui ne cesse de se propager dans les consciences du monde. D’un côté, l’islamophobie galopante ; de l’autre, une nouvelle forme d’antisémitisme, en partie, due au conflit dans la région.
Tant et aussi longtemps qu’Israël sera soutenue agressivement par un gouvernement d’extrême droite, couvé par des partis religieux, le dénouement positif de cette histoire sans fin se laissera attendre pendant des générations.
Arrêter de construire dans des endroits illégaux ; résoudre politiquement la question de Jérusalem, ville sainte aux trois religions monothéistes ; écarter catégoriquement la religion des affaires sociales et politiques (plus facile pour Israël que pour la Palestine). Et quant à Israël, officiellement pays des Juifs, le débat est plus épineux. Mais une chose est certaine, les divers territoires des deux autres confessions monothéistes affichent légalement leurs fois respectives. La réponse au sujet du peuple juif devient alors assez claire et tout à fait justifiée, mais comme les pays occidentaux, ouvert à accueillir d’autres pratiques.
Sur la plan cinématographique, The Occupation of the American Mind n’innove rien. Et ce n’est pas si grave que ça. La thèse proposé est l’unique chose qui compte. Finalement, le lobby pro-Israël en Amérique n’est-il pas une chose évident auprès de la population mondiale depuis longtemps ? Sur ce point, rien de nouveau que nous ne sachions pas. Car l’autre côté, néanmoins, possède lui aussi ses armes de séduction et de conviction tout à fait crédibles et efficaces.
Un document essentiel par les temps qui courent, quel que soit le parti pris que nous défendons.
1Finkelstein, Israël / Silberman, Neil Asher
The Bible Unearthed: Archaeology’s New Vision
of Ancient Israel and the Origin of Its Sacred Texts
États-Unis : Touchstone (Simon & Schuster), 2002
385 pages, ill.
Genre : DOCUMENTAIRE POLITIQUE – Origine : États-Unis – Année : 2015 – Durée : 1 h 22 – Réal. : Loretta Alper, Jeremy Earp – Dist. / Contact : MundoVision.
Horaires : @ Cinéma du Parc
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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