23 juin 2016
RÉSUMÉ SUCCINCT
Réalisatrice en plein tournage, Margherita vit des jours difficiles face à la mort imminente de sa mère et à ses rapports parfois conflictuels avec ses proches et ses collaborateurs.
Pour l’auteur de ces lignes comme pour bon nombre de cinéphiles, le nom de Nanni Moretti demeure associé au chef-d’œuvre qui lui a valu en 2001 la récompense suprême à Cannes, La Chambre du fils (La stanza del figlio). Depuis ce moment, bien sûr, le cinéaste italien a fait don de quelques offrandes dignes de mention, au sommet desquelles figure peut-être Habemus Papam, sans compter qu’on ne doit pas perdre de vue ses premières œuvres, dont Sogni d’oro et La messe est finie (La messa è finita). Avec Mia Madre, Moretti réinvestit quelques thèmes proverbiaux et récidive dans sa manière de faire : il propose une œuvre subtilement grande.
Il existe au minimum deux grands types de mort envisageables. La première, que nous ne voyons guère venir, emporte nos proches de façon fulgurante et nous place dans une situation de deuil inattendue. La deuxième, en revanche, est celle que nous anticipons sans toujours pouvoir l’accepter : elle affecte principalement les gens âgés, nos grands-parents, nos parents. Alors que le premier type de mort était au centre de La chambre du fils, où un homme apprenait le décès soudain de son fils lors d’une expédition en plongée, le second type est abordé dans Mia Madre, où Margherita et son frère veillent tendrement leur mère avant qu’elle ne rende l’âme. Si Nanni Moretti atténue ici sa présence à l’écran par rapport à La chambre du fils, interprétant un rôle secondaire plutôt que le principal, il ne se révèle pas moins en filigrane à travers le personnage de Margherita, cinéaste en plein tournage. N’est-ce cependant pas en s’effaçant peu à peu de l’écran qu’on devient parfois le plus visible pour les spectateurs ?
Cette dialectique entre la disparition et l’apparition s’accompagne de quelques méditations autour de la question du réel. Bien qu’on fasse souvent de Moretti un héritier du néoréalisme italien.
Mia Madre trouve ainsi refuge quelque part entre le désir d’intensité et l’exercice de désintensification. Avec une mise en scène somme toute dépouillée qui laisse la place au scénario, l’œuvre évite la surenchère et permet aux moments douloureux ou comiques de se révéler avec plus de profondeur, suivant un effet de contraste.
Texte intégral
Séquences
Nº 303 (Juillet-Août 2016)
p. 18-19
En kiosque : Juillet 2016
Genre : DRAME – Origine : Italie / France – Année : 2015 – Durée : 1 h 48 – Réal. : Nanni Moretti – Int. : Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti, Beatrice Mancini, Stefano Abbati – Dist. / Contact : Séville.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc – Cineplex
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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