29 septembre 2016
Si le sentiment visiblement patriotique de Peter Berg alimente la plupart de ses réalisations pour le cinéma, force est de souligner qu’à chaque fois, il tente d’illustrer cette caractéristique avec un sens inné de la litote. Tout en dressant le drapeau U.S.A. de façon ostentatoire, ses mises en scène sont si bien contrôlées, et notamment dans le très beau Deep Water Horizon, que nous sommes prêt à oublier ce défaut récurrent.
Entre les séquences en huis clos, représentant la majeure partie du film, et celles des retours en arrière, deux univers parallèles s’entrecroisent et présentent des personnages atteints par des sentiments contradictoires d’angoisse, de peur, de courage, de foi, d’irresponsabilité et, ultimement, de rachat. Cette histoire vraie et un hommage à une Amérique combative, un pays qui pense avoir baissé pavillon devant certains ennemis. Le discours de Donald Trum n’est pas loin, mais Berg est beaucoup plus subtil : redonner à l’Amérique ses titres de noblesse, des valeurs perdues pour toutes sortes de contingences sociales, politiques, économiques et personnelles. Car derrière les codes du film-catastrophe, Deepwater Horizon pose la vraie question aux citoyens de cet empire qui semble, aujourd’hui, en quelque sorte déchu : pouvons-nous ou avons-nous les ressources, l’envie et l’occasion de rehausser notre blason? Sommes-nous vraiment les défenseurs du monde libre? Avons-nous perdu la foi en nous? Que s’est-il passé pour que nous soyions aussi divisés?
Nous pouvons certainement ne pas être d’accord avec ce discours philosophico-existentiel sur l’Amérique d’aujourd’hui, mais soulignons que Peter Berg se fait accueillant, reconnaissant au même temps que ce sont les diverses ethnies qui ont formé cet immense territoire que constitue les États-Unis d’Amérique à travers les décennies. Cela se voit en filigrane, car ce qui compte vraiment dans ce film au suspense haletant, c’est bel est bien la conviction de tous les comédiens à tenir des rôles puissants, bigrement physiques et proposant un discours terre-à-terre sur la vie.
Sur ce point, la présence d’un John Malkovich étonnant dans un rôle quasi à contre-emploi vient temporairement changer le ton. Nul doute que Deepwater Horizon est un film grand public d’une rare puissance d’évocation, bénéficiant d’une mise en scène alerte qui ne se permet aucun moment mort. Efficacement palpitant et ironiquement… sécurisant!
Genre : FILM CATASTROPHE – Origine : États-Unis – Année : 2016 – Durée : 1 h 48 – Réal.: Peter Berg – Int. : Mark Wahlberg, Kurt Russell, Gina Rodriguez, John Malkovich, Dylan O’Brien, Kate Hudson – Dist. / Contact : Entract Films.
Horaires : @ Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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