3 novembre 2016
L’adaptation cinématographique du roman Mal di pietre, de l’Italienne Milena Agus repose ici sur une idée précise de l’architecture du plan. Gestes, mouvements, répliques, sentiments, atmosphères, tous ces éléments et d’autres qui constituent la mise en scène sont exploités dans une forme transcendante même si le récit nous semble linéaire.
Si Jacques Fieschi, son complice de toujours, s’est joint à Nicole Garcia pour l’adaptation, l’écriture du scénario et le dialogue, force est de souligner que de nombreuses scènes respirent le silence ; sur ce point, Garcia imprègne ces moments d’une douce atmosphère contraignante qui nous laisse aussi abasourdis que conquis. Car tout se passe dans l’interprétation. Marion Cotillard, comme on s’y attend, tire admirablement son épingle du jeu, jonglant avec courage de décider et de réaliset ses désirs.
Époque morale que celle établie dans Mal de pierres, d’où un mari qu’on impose, un époux qu’on n’aime pas vraiment. Une autre histoire d’amour qui ne pourra pas se réaliser, faute de la maladie. Des ingrédients que la réalisatrice transforme en drame amoureux, mais évitant de trop pousser la note.
La mise en scène, d’une lucidité nerveuse et accueillante à la fois termine par apprivoiser autant les protagonistes que les spectateurs. Travail minutieux d’un coscénariste et d’une réalisatrice dont la complicité tacite finit par produire un petit miracle cinématographique.
Ce n’est peut-être pas le meilleur film de Nicole Garcia, mais nous affirmons qu’il fait partie de ceux qui comptent dans sa courte filmographie comme metteure en scène.
Garcia a quitté le récent Festival de Cannes plutôt bredouille sans doute parce que les jurés n’ont peut-être pas très bien saisi la matière narrative et psychologique qui se cache derrière les non-dits. Raconter l’histoire d’une jeune femme des années 50 qui se rebelle contre l’ordre établi malgré un mariage forcé est un défi en soi, magnifiquement achevé.
Entre un mari presque mutique et une atmosphère peu propice à l’émancipation, Gabrielle, l’anti-héroïne, propulse sa condition de femme et tout ce que cela comporte de grandeurs et, pour ces années-là, de tares.
On soulignera néanmoins que même dans sa rigidité et distanciation, l’Espangol Alex Brendemühl possède un charisme souverain. En fin de compe, par le biais d’une forme, en apparence classique, Nicole Garcia déconstruit l’image pour lui donner une signification sublimement abstraite.
Genre : DRAME SENTIMENTAL – Origine : France / Belgique – Année : 2016 – Durée : 2 h 01 – Réal. : Nicole Garcia – Int. : Marion Cotillard, Alex Brendenmühl, Louis Garrel, Brigitte Roüan, Victoire Du Bois, Aloïse Sauvage – Dist./Contact : TVA.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cineplex
CLASSEMENT
Interdit aux moins de 13 ans
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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