16 mars 2017
RÉSUMÉ SUCCINCT
Rosie Ming, vingt ans, annonce à ses grands-parents qu’elle va participer à un festival de poésie à Shiraz en Iran. Ceux-ci, surpris sur le moment, apprennent par la même occasion que leur petite-fille dont ils ont pris soin à la mort de sa mère est l’auteure d’un recueil de poèmes qui a été publié. D’origine chinoise par sa mère, Rosie est iranienne par son père, qui l’a abandonnée alors qu’elle venait d’avoir sept ans.
À la longue liste de cinéastes canadiens importants (mais méconnus au Québec), il faut maintenant ajouter le nom d’Ann Marie Fleming. Avec Window Horses, l’un des trop rares longs métrages d’animation produits au Canada, la réalisatrice s’est hissée cette année dans le Canada’s Top Ten du Festival du Film de Toronto.
Une histoire : celle de Rosie Ming. La jeune fille vit chez ses grands-parents maternels depuis la disparition mystérieuse de son père iranien et la mort de sa mère chinoise. Coupée trop tôt de l’héritage perse, elle s’intéresse peu à la culture asiatique et se cherche. Elle croit avoir trouvé une part de son identité dans la culture française. Invitée dans un festival de poésie en Iran, Rosie renouera avec ses racines perdues et comprendra que c’est bien souvent en s’ouvrant à l’autre qu’on se découvre soi-même.
Dans Window Horses, la poésie devient un langage universel qui permet de créer des ponts entre soi et le monde extérieur, entre l’illusion et la vérité, entre le maintenant et l’hier, entre l’ici et l’ailleurs. Un langage universel, puisque la poésie ne fait pas seulement appel à l’intellect. Même si elle utilise comme matière première la langue, elle s’adresse avant tout au ventre et à l’instinct – par où elle se rapproche des arts visuels et de la musique. Loin de devoir être intelligée pour être appréciée, elle n’a besoin, pour révéler son condensé de vérité, que d’être ressentie, éprouvée de l’intérieur dans une intime étreinte entre les mots et les entrailles. Et ce sont justement les poèmes en langue étrangère – que Rosie ne comprendra pas et qui ne seront pas traduits – qui frapperont le plus l’imaginaire de la jeune fille. Fleming atteint ici à quelque chose de remarquable. Pour une des rares fois au grand écran, la littérature et le cinéma cohabitent sans que la parole ne prenne le pas sur les images.
Window Horses demeure avec le tout récent Paterson de Jarmush l’une des plus belles tentatives des dernières années d’inviter la poésie au grand écran.
Texte intégral
Séquences
Nº 308 (Mai-Juin 2017)
En kiosque : Mai 2017
Genre : ANIMATION – Origine : Canada – Année : 2016 – Durée : 1 h 29 – Réal. : Anne Marie Fleming – Voix (v.o.) : Sandra Oh, Shoreh Aghdashloo, Nancy Kwan, Don McKellar, Peyman Moaadi, Kristen Thomson – Dist./Contact : Métropole.
Horaires : @ Cinéma Beaubien – Cinémathèque québécoise
CLASSEMENT
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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