25 mai 2017
Celle qui possède une longue carrière dans le milieu du 7e art en tant que monteuse (créditée sur près d’une cinquantaine de films, dont Le premier jour du reste de ta vie – Rémi Bezançon, 2008 – récipiendaire du César du meilleur montage), signe avec Cigarettes et chocolat chaud son premier long métrage en carrière. Sophie Reine dévoile ainsi sa maîtrise de la direction d’acteurs, où deux jeunes soeurs crèvent l’écran. Héloise Dugas, dans le rôle de Janine, une jeune fille de 13 ans qui découvre (lentement) qu’elle est atteinte du syndrome Gilles de la Tourette, offre une performance touchante, nuancée et balancée entre ce désir de guérir et de vivre son adolescence avec toute l’insouciance d’une jeune fille en deuils (de sa mère, mais aussi du fait de ne pas être « comme les autres » de par sa maladie). Celle qui campe ici son premier rôle au grand écran (suivi du rôle de Chloé jeune dans L’avenir), se voit promu à un brillant avenir. Fanie Zanini, au curriculum plus étoffé, offre une performance (de soutien) tout aussi maîtrisée, dans le rôle de la jeune soeur de 9 ans, Mercredi.
Alors que le père Dennis (Gustave Kervern) peine à joindre les deux bouts depuis la mort de sa femme et ce, tant au niveau de l’organisation que du budget, ce dernier sera forcé par une travailleuse sociale (Camille Cottin) à suivre un stage de « parentalité » (thématique familiale qui n’est pas sans rappeler Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel (2010), court métrage de Sophie Reine).
En parallèle, se déroulera l’histoire de Janine et la découverte de sa maladie, qui amène un côté plus dramatique au scénario, tout en apportant de beaux moments de rires et d’acceptation, particulièrement vers la fin du récit, avec la séquence de « tap dance ». Si Cigarettes et chocolat chaud possède l’insouciance heureuse et familiale d’un Little Miss Sunshine (Jonathan Dayton & Valerie Faris, 2006), la chanson qui a inspiré le titre, « Cigarettes and chocolat milk » de Rufus Wainwright, est un choix judicieux pour souligner le côté doux-amer du récit, les imperfections comme le côté attachant de la famille Patar (qualificatifs qui pourraient, au final, être attribués à toutes les familles).
Avec son récit « pour tous », ses moments de comédie, comme ses moments plus dramatiques, Cigarettes et chocolat chaud propose – avec ce père veuf et monoparental – un regard d’actualité sur la famille contemporaine et sa redéfinition. De ce regard pertinent qui questionne avec humour (et ironie) la famille moderne, on s’étonne de la faible distribution en salles de ce film français (uniquement au cinéma Beaubien à Montréal et Le Clap à Québec), ce qui souligne nécessairement une problématique quant à l’accessibilité de certains films étrangers au Québec.
Genre : Comédie – Origine : France – Année : 2016 – Durée : 1 h 38 – Réal. : Sophie Reine – Int. : Gustave Kervern, Camille Cottin, Héloïse Dugas, Fanie Zanini, Thomas Guy, Franck Gastambide – Dist. : Mk2 | Mile End.
Horaires
@ Cinéma Beaubien
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
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