16 novembre 2017
Après avoir représenté la Belgique aux Oscars dans la course pour le meilleur film étranger avec Bullhead (2011), suivi de l’acclamé Quand vient la nuit (2014), le réalisateur Michaël R. Roskam revient avec son troisième opus en carrière, qui explore une fois de plus la bestialité de l’homme. Le Fidèle, bien qu’il plonge le spectateur dans l’univers du gangstérisme, possède un je ne sais quoi de l’histoire d’amour impossible de Roméo et Juliette, mais « sans les fleurs ».
Divisé en trois chapitres (« Gigi », « Bibi » et « Pas de fleurs »), le film présente trois tableaux chronologiques. Or, ces divisions plutôt superflues au scénario, auraient gagné à marquer des retours en arrière, proposer une histoire non linéaire, pour flouer le spectateur et amener un réel suspense, en brouillant la chronologie.
De ce fait, Le fidèle, malgré ses promesses initiales de courses de voitures, manque de rythme. La première heure du film relate l’histoire passionnelle naissante entre Bibi, la pilote automobile et Gigi, le criminel, provenant de milieux diamétralement opposés. La deuxième heure – plus intéressante au niveau de la diégèse, mais parfois beaucoup trop appuyée – observe ces mêmes protagonistes tenter de sauver leur histoire d’amour. Ultimement, le film tente de répondre aux questions « l’amour est-il plus fort que tout ? Peut-on changer par amour ? », prémisse de nombreux films aux univers de gangsters.
Le genre dramatique est davantage mis de l’avant et soutenu, de par le jeu de la charismatique Adèle Exarchopoulos (La vie d’Adèle) qui oscille entre force et vulnérabilité, procurant une crédibilité nécessaire à cette jeune femme (un peu trop jeune) pilote automobile qui carbure à l’adrénaline et à l’amour inconditionnel ; une caractérisation intéressante du personnage qui surprend aux premières images. Le jeu convainquant de Matthias Schoenaerts (Bullhead) permet d’explorer la complexité du personnage. Cela dit, la maîtrise du jeu d’acteurs n’empêche pas Le fidèle de sombrer dans le mélodrame ; le scénario, alambiqué de situations trop appuyées, confère certaines longueurs au récit.
Si le cinéaste s’est inspiré de mythiques gangsters belges des années 90, et de leurs histoires d’amour souvent très médiatisées, il n’en demeure pas moins que Le fidèle, malgré la présence d’un couple fusionnel à l’écran, un sens du cadre et des plans de caméra recherchés (avec analogies visuelles et courses automobiles dans les rues de Bruxelles), possède de nombreuses invraisemblances, dans un scénario sans rythme.
Genre : Drame – Origine : France / Belgique – Année : 2017 – Durée : 2 h 10 – Réal. : Michaël R. Roskam – Int. : Mathias Schoenaerts, Adèle Exarchopoulos, Kerem Can, Sam Louwyck, Stefan Degond, Jean-Benoît Ugeux – Dist. : Métropole Films.
Horaires
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
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