7 décembre 2017
L’artiste multidisciplinaire James Franco a plusieurs caractéristiques en commun avec le mystérieux Tommy Wiseau, cinéaste culte malgré lui, derrière le navet The Room, que plusieurs considèrent comme le pire film de l’histoire du cinéma. Souvent lui-même à la fois acteur et réalisateur, Franco tente aussi régulièrement de s’exprimer à travers des pratiques artistiques et cinématographiques sortant des normes hollywoodiennes.
À l’instar de Wiseau, il ne craint pas le ridicule. Alors que le public le connaît surtout pour ses performances dans des films américains à grande échelle, Franco, en marge, accumule plus d’une dizaine de films à son actif à titre de réalisateur. Souvent des films de qualité médiocre. Son nouvel opus, The Disaster Artist, portrait drôle et touchant du cinéaste de The Room, et peut-être, dans une certaine mesure, de lui-même, est son premier film à recevoir un accueil critique favorable.
Physiquement, complètement transformé à l’aide de prothèses faciales et d’une vilaine perruque, James Franco est méconnaissable et excellent dans le rôle de Wiseau. Il capture formidablement l’essence du personnage intriguant qu’était ce cinéaste à l’accent d’Europe de l’Est… mais qui prétendait être originaire de la Nouvelle-Orléans. Tout y est : sa folie, son innocence, sa volonté et sa vulnérabilité. L’accent, les expressions et la gestuelle de ce personnage haut en couleur nous sont offerts de façon absolument hilarante.
Même dans l’aveuglement et dans l’échec, la poursuite de ses rêves est toujours un acte d’une beauté pure. Tommy Wiseau est un symbole de la grandeur de cette quête illusoire. Il y a une sincérité désarmante dans son besoin de créer, de s’exprimer à tout prix. James Franco, autant dans sa réalisation que dans son interprétation du personnage, traduit cette quête avec respect, affection et délicatesse, sans tomber dans un éloge trop facile de l’artiste.
Aux côtés de James, son frère cadet Dave Franco se fait évidement moins flamboyant dans le rôle de Greg Sestero, ami et collègue de Wiseau. Toutefois, son interprétation et la personnalité plus terre-à-terre de son personnage confient une humanité supplémentaire au film et permet de s’identifier plus facilement à l’histoire.
Malgré un scénario sans réelle surprise, suivant d’un peu trop près la trame narrative hollywoodienne classique, The Disaster Artist demeure un film divertissant, drôle, parfois même émouvant, sur la marginalité et le désir de création. C’est avec extase que les amateurs de The Room retrouveront reproduites la majorité des scènes cultes qui les font tant réagir lors des séances de minuit, présentées un peu partout sur la planète, alors que les non-initiés, eux, développeront très probablement, à la vue de ce bel hommage, une envie de découvrir cette œuvre si mauvaise… qu’elle en devient passionnante.
Genre : Comédie dramatique – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 44 – Réal. : James Franco – Dist. : Entract Films.
Horaires/Info.
@ Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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