11 janvier 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
À Londres, dans les années 1950, Reynolds Woodcock est à la tête d’une maison de haute couture prospère. Dans un petit restaurant de la campagne britannique, il rencontre une serveuse, Alma, qui devient sa muse. C’est ainsi que commence une étrange relation, à la fois tumultueuse et passionnée.
Brillant, une surprise étonnante, d’un goût machiavélique aussi intense que suggéré, car dans Phantom Thread, les cris sont chuchotés, les larmes intériorisées et vite traduites par un sentiment de survie qui rappelle le grand Hitchcok, celui de Rebecca, où l’univers clos bien régimenté se transforme en « siège » de tergiversations avortées et de complots exécutés.
Et derrière ce portrait narratif sans concessions, un film d’une élégance étincellante et viscontienne, d’un autre monde. Comme si pris par l’étrange pouvoir du décor, les personnages se trouvaient prisonniers d’une complicité non partagée, en quelque sorte à l’abandon, laissés à eux-mêmes.
Car Phantom Thread, ce « fil caché », c’est justement cet enchaînement d’évènements qui se succèdent sans crier gare, donnant à Paul Thomas Anderson la possibilité de proposer un des films les plus intuitifs de l’année. La nature humaine est complexe, multiforme, remplie d’aspérités, le cinéma d’autant plus, avec ses codes, les anciens et les nouveaux, ceux à venir; l’auteur du superbe There Will Be Blood (2007), conscient de cet état des lieux, confirme ici une maturité exceptionnelle, comptant aveuglément sur la présence d’un Daniel Day Lewis possédé par les démons du vice et de la vertu et qui livre ici une interprétation diaboliquement remarquable. Nous souhaitons qu’il ne s’agisse pas, comme il l’a laissé entendre, de son dernier film.
La luxembourgeoise Vicky Krieps (Le jeune Karl Marx) illumine l’écran par son mélange d’innocence innée et de perversité acquise, face à la brillante Lesley Manville, mêlant avec dextérité, jalousie, inceste latent, à peine suggéré, et une attention portée au traits du visage, pièce maîtresse pour le rôle qu’elle défend.
Et pour les spectateurs, l’occasion rare de voir un film d’auteur accessible, porté par la grâce et la classe, évoquant les années 40 et une partie des 50, alors qu’aller au cinéma était souvent perçu comme un acte de contrition, pour nous rendre meilleur et apaiser, du mieux, l’âme
On compte aussi sur la musique de Jonny Greenwood, étincelant ce film proche de l’opéra, aux accents de tragédie, transcendant la réalité pour la rendre encore plus vulnérable. Les maîtres du classique comme Fauré et autres grands noms participent au montage musical, partie intégrante du film où tous les ingrédients collaborent étroitement pour assurer sa grandeur et sa lumineuse sublimité.
Réalisation
Paul Thomas Anderson
Genre : Drame – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 2 h 11 – Dist. : Universal Pictures.
Horaires&plus
@ Cineplex — Cinéma du Parc (dès le vendredi 19 janvier)
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes] – Les cotes reflètent uniquement l’avis des signataires.
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