8 mars 2018
RÉSUMÉ SUCCINCT
Deux amies d’enfance, Lily et Amanda, se retrouvent après quelques années. Ensemble, elles préparent un plan démoniaque qui consiste à se débarrasser du beau-père de Lily, un homme qu’elles croient manipulateur et contrôlant.
Il y avait, au tournant des années 2000, une petite vague de films à suspense destinés aux adolescents dans lesquels se mêlaient sexe, meurtres et, pour les plus intéressants d’entre eux, conflits de classes sociales. D’un côté, les thrillers protoérotiques comme Wild Things et Cruel Intentions, conçus pour titiller les désirs naissants des adolescents, et de l’autre, ceux qui favorisaient plutôt l’esthétique kitsch, poussant l’artifice jusqu’au pastiche, tels que Jawbreaker ou son précurseur Heathers.
En ce sens, Thoroughbreds renoue avec cette tradition — et fait même une allusion passagère à Swimfan (John Polson, 2002) — tout en la rehaussant d’une vision artistique qui manquait bien souvent aux films précédents. Le réalisateur Cory Finley, prenant ici ses premiers pas de réalisation en adaptant sa propre pièce de théâtre, fait preuve d’un esthétisme extrêmement soigné et séduisant. Cependant, pour ce qui est du scénario, il s’agit d’une toute autre histoire.
Thoroughbreds relate l’histoire d’Amanda et Lily, deux amies reprenant contact après que des bouleversements dans leurs vies respectives les aient séparées. Pour Lily, il s’agit de son emménagement chez Mark, son nouveau beau-père, un homme contrôlant, obscènement opulent qui se définit principalement par l’affirmation de sa virilité. Amanda quant à elle se remet petit à petit d’un épisode déclanché par ses problèmes de santé mentale. Cet épisode lui a valu d’être hospitalisé et a profondément teint sa réputation au sein de son école secondaire. Depuis, on la perçoit comme une désaxée, Lily incluse. La raison étant qu’Amanda démontre des symptômes antisociaux : puisqu’elle n’éprouve aucun sentiment véritable, elle feint les émotions en étudiant ceux des autres. Ainsi, pour elle, la manipulation et le meurtre s’avèrent des solutions envisageables au règlement de problèmes typiques du passage à l’âge adulte.
C’est en somme une série de questions intéressantes que postule Thoroughbreds : la sociopathie est-elle « contagieuse » ? Peut-on l’assimiler ? Y a-t-il des contextes sociaux qui favorisent son développement ? La sociopathie favorise-t-elle les individus des hautes classes sociales ? Non seulement Finley ne se positionne-t-il pas sur ces questions, mais son scénario les effleure à peine. Ces thèmes fertiles se cachent sous la surface glaciale du film et ne demandent qu’à être explorés, mais on les laisse malheureusement de côté au profit d’effets de suspense réussis, mais typiques. Constat final : le réel talent qui se dégage de Thoroughbreds, bien qu’il s’agisse originalement d’une pièce de théâtre, n’est pas dramaturgique ou scénaristique, mais bien de l’ordre de la mise en scène et du langage cinématographique. En ce sens, Cory Finley est une révélation à surveiller, car qui sait ce que pourrait être le résultat si on lui confiait des scénarios à la hauteur de sa maîtrise technique.
Réalisation
Cory Finley
Genre : Suspense psychologique – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 32 – Dist. : Universal Pictures.
Horaires & info.
@ Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
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