20 avril 2018
Après Two Lovers and a Bear qui relatait l’histoire d’amour d’un jeune couple dans le Grand Nord canadien, Kim Nguyen continue, avec son plus récent Eye on Juliet, sur cette lignée de film au romantisme bien assumé dans des lieux géographiques toujours plus surprenants. Cette fois-ci, l’amour fera se connecter un jeune homme au cœur brisé de Detroit et une Marocaine destinée à un mariage forcé avec un homme plus vieux. Malheureusement, le résultat cinématographique ne sera pas aussi convaincant.
Avec Eye on Juliet, Kim Nguyen signe un scénario très ingénieux, réussissant à relier, de façon originale et parfois amusante, deux réalités diamétralement opposées, la froideur des bureaux de cette ville du Michigan et la chaleur du Sahara. Cette clairvoyante idée donne lieu à plusieurs séquences bien pensées et souvent assez rigolotes, notamment celles impliquant ce petit robot qui se promène dans le désert en discutant de la vie, de l’amour, de la sexualité.
Or, Nguyen se concentre peut-être trop sur l’aspect romantique de son œuvre et effleure à peine, et avec très peu de nuances, la dimension géopolitique et sociale dans laquelle son récit est campé. Tout ce qui a trait à la vie au Maroc et aux enjeux sociaux, culturels et économiques affiche des clichés et s’avère sans profondeur.
Celui qui nous a habitués à magnifier les décors et les paysages dans lesquels ses histoires se déroulent, notamment dans ses derniers Rebelle et Two Lovers and a Bear, ne réitère pas du tout cet exploit ici. L’absence de l’excellent directeur photo Nicolas Bolduc, qui suivait pourtant Nguyen sur tous ses projets depuis Le marais en 2008, se fait cruellement sentir. Visuellement, le film est fade, n’offrant que très peu de vraies belles images.
Bref, avec des protagonistes qu’on ne sent pas très habités, manquant de charisme dans leur interprétation, une esthétique ordinaire et un manque de rigueur dans la présentation de son contexte, Eye on Juliet, malgré sa prémisse très intéressante, se classe comme une œuvre mineure dans la filmographie du réalisateur. Ses deux œuvres précédentes ont créé des attentes à un niveau auquel Eye on Juliet ne s’élève pas.
Il n’en demeure pas moins qu’en ces temps sombres dans notre momde imparfait, un film porteur d’autant d’espoir et d’humanité, de compassion et d’ouverture sur le monde fait du bien. Malgré ses faiblesses, on peut tout de même remercier Kim Nguyen pour le sourire et l’émotion qu’il nous inspire. C’est aussi à cela que peut servir le cinéma.
Réalisation
Kim Nguyen
Genre : Conte – Origine : Québec [Canada] – Année : 2017 – Durée : 1 h 30 – Dist. : Les Films Séville.
Horaires & info.
@ Cinéma Beaubien – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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