17 mai 2018
Depuis Rabbit Hole en 2010, drame familial à contre-emploi, nous n’avions pas eu de nouvelles de John Cameron Mitchell. Selon le principe du « un pas en avant, deux pas en arrière », il fricote pour How to Talk to Girls at Parties avec l’esprit glam-punk qui alimentait son premier film, Hedwig and the Angry Inch, adapté de la comédie musicale qu’il a créé en 1998.
Retour aux origines du mal, l’Angleterre de 1977, celle du Jubilée d’argent d’Elizabeth II et de l’odieux God Save the Queen des Sex Pistols, alors qu’Enn (Alex Sharp) et deux potes se rendent à une fête dans l’espoir de rencontrer des filles. Sur les lieux – ont-ils la bonne adresse? – ils font plutôt la rencontre d’extraterrestres, du genre recalés du Cirque du Soleil, affublés de costumes de latex multicolores et s’adonnant à d’étranges contorsions cabalistiques. C’est que ces humanoïdes sont en stop sur terre afin d’accomplir un rite de passage faisant passer l’Ordre du Temple solaire pour les Chevaliers de Colomb. Parmi ces programmés de l’au-delà, Zan (Elle Fanning), une anarchiste qui s’ignore et qui tombe dans l’œil du sensible Enn. Ensemble, ils s’enfuiront à Londres pour une virée d’apprentissage Punk 101, avec un peu d’éducation sentimentale en option.
De cette prémisse sympatoche, Roméo et Juliette visitent Bibi et Geneviève, How to Talk to Girls at Parties se vautre dans le psychotronique, le délire pop art à mi-chemin entre le Rocky Horror Picture Show et les films de John Waters, avec les ambitions stylistiques du premier et les budgets faméliques des seconds. Nicole Kidman vient faire son tour en émule de Vivienne Westwood, prêtresse d’une bande d’énergumènes carburant à la bière et aux décibels et des interludes nouvelâgeuses en images de synthèse résument l’intrigue qui culmine avec une guerre aux enjeux intersidéraux.
Tout ça fait rêver, mais le caractère brouillon du récit, au lieu de traduire un état d’effervescence, dénote plutôt une paresse scénaristique, alors que de nombreuses minutes sont consacrées à des développement confus et barbants. Sharp et Fanning produisent des flamèches, Fanning brille particulièrement dans ce rôle d’extraterrestre naïve qui deviendra une icône de la contre-culture, et la fin aigre-douce sauve presque la mise, mais le ton, nonchalant jusqu’à l’insouciance, laisse pantois. Sans compter cette tendance de Cameron Mitchell à réduire le punk à une simple commodité fashionable, un truc binaire et circonscrit saupoudré de doigts d’honneur, de gilets troués et d’épingles à couche. Punk’s dead John, pas besoin d’en rajouter.
Réalisation
John Cameron Mitchell
Genre : Comédie fantaisiste
Origine : Grande-Bretagne / États-Unis
Année : 2016
Durée : 1 h 42
Dist. : Métropole Films
Horaires & info.
@ Cinéma du Parc
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Accès autorisé si accompagnés d’une adulte | Langage vulgaire)
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★ Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]
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