31 mai 2018
Dans ce film qui a souvent l’air de partir dans tous les sens, Arnaud Desplechin nous mène dans une cavalcade à bride abattue sur les sentiers souvent périlleux de la création, chevauchant les abîmes de la mémoire, de la souffrance et du temps. Comment un réalisateur parvient-il à créer, à se renouveler, après 20 ans de métier? Selon Desplechin, à travers les fantômes familiaux qui le hante tout en le propulsant, mais aussi grâce aux Muses qui rassurent, protègent… et permettent d’achever le film! Dans Les fantômes d’Ismaël, Charlotte Gainsbourg est cette Muse pacificatrice, une astrophysicienne fascinée par le monde troublé d’Ismaël, un réalisateur ayant perdu sa femme vingt ans plus tôt. En effet, Carlotta (Marion Cotillard), fille d’un réalisateur juif très connu, femme d’Ismaël, a disparu à l’âge de vingt-trois ans sans laisser de traces.
Cette femme troublée, mystérieuse, réapparaît en avouant candidement à Sylvia (Charlotte Gainsbourg) qu’elle veut reprendre son homme et en suppliant Ismaël (Mathieu Almaric) de la reprendre. Ces retrouvailles bouleversent Ismaël, qui travaille à un film portant sur un autre de ces fantômes, celui d’Ivan (Louis Garrel) son frère diplomate, exilé depuis vingt ans pour se sauver de lui.
On a souvent l’impression de la course en quadrige de Ben-Hur dans ce film effréné, où des personnages complexes évoluent quasi en parallèle, chacun dans son monde, mais en sautant de temps en temps d’un char à l’autre. Pris entre sa compagne, son ex-femme, son frère et son producteur, Ismaël semble le jouet de lignes de force qui le dépassent largement. La confrontation entre les deux plus excitantes actrices françaises (Gainsbourg et Cotillard), qui semblaient annoncer une alliance genre Simone Signoret et Véra Clouzot dans Les diaboliques (1955), si elle ne tombe heureusement pas dans un remake malencontreux de l’excellent film d’Henri-Georges Clouzot, nous laisse quand même un peu sur notre faim. On en aurait voulu beaucoup, beaucoup plus. Et si la cinématographie d’Irina Lubtchansky met merveilleusement ces deux brillantes actrices en valeur, le montage de Laurence Briaud tend à s’essouffler entre tous ces personnages, surtout ceux du père de Carlotta et du producteur d’Ismaël.
Il reste que Les fantômes d’Ismaël demeure d’un intérêt certain, grâce à sa réflexion sur l’art et la création. Grâce à ses Muses. Charlotte (et Marion), forever!
Réalisation
Arnaud Desplechin
Sortie
vendredi 1er juin 2018
Version originale
français ; s.-t.a.
Ismaël’s Ghosts
Genre : Drame
Origine : France
Année : 2017
Durée : 2 h 15
Dist. : Cinéma du Parc
[Unobstructed View]
Horaires & info.
@ Cinéma du Parc
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Accès autorisé si accompagnés d’un adulte)
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
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