24 mai 2018
Car libre et, à juste titre, ne faisant qu’à sa tête, parce qu’elle demeure convaincue que la femme doit contribuer à l’avancement éthique et moral du monde. Aujourd’hui, une dame frêle, certes, mais à 85 ans, encore dotée d’une intelligence hors-norme, résultat d’une vie marquée du sceau de la parole, de l’importance de la pensée, mais aussi consacrée à une lutte acharnée, celle de la reconnaissance des femmes dans toutes les sphères de la société américaine.
En défendant ses prises de position, à une époque, de surcroît les années 1950, un homme, son compagnon de vie, Martin Ginsburg, juge à la cour suprême, qu’elle épouse en 1954 et demeurera avec elle jusqu’à la mort de celui-ci, en 2010.
Non pas un détail que le film de Cohen et West illustre, mais point central dans la composition d’une vie, sans doute une des raisons qui ont contribué au succès de Ruth Bader Ginsburg. Dans un sens, à l’intérieur d’une Amérique patriarcale dominée par le pouvoir masculin, le couple Bader-Ginsburg est vu comme une des rares exceptions à la règle. Les documents d’archives et les témoignages nous le prouvent avec dextérité. Avant tout, RBG est un film sur la foi, non pas comme un précepte religieux, mais quelque chose qui a à voir avec la noblesse de cœur, l’égalité des choix de vie, le droit de chacun, quel que soit son identité sexuelle, d’accéder à la sphère de tous les possibles. À l’heure de tous les #MoiAussi (#MeeToo) de ce monde, il s’agit d’un document essentiel à une meilleure lecture et compréhension de la société, de la politique et de plus justes rapports entre hommes et femmes.
Sur ce point, défenseure de l’avortement à une époque qui ne rigole pas avec la question, Ruth Bader Ginsburg assume néanmoins la maternité (son propre choix) à sa façon, ce qui n’influence guère l’éducation des enfants, ni sa carrière, et encore moins sa relation avec Martin, le compagnon de sa vie avec qui elle partage quelque chose de rare, le charisme, le charme, la conviction et la curiosité intellectuelle qui bâtissent les grandes femmes et les grands hommes. Mais elle reconnaît aussi que cela n’aurait pu se passer qu’en Amérique.
Les droits de la femme est son combat quotidien, et le film le montre adroitement, notamment par le biais de documents d’archives et des témoignages, comme par exemple, son illustre défense à sa nomination comme membre de la Cour suprême des États-Unis en 1993, soixante ans après son mariage avec Martin Ginsburg
RBG est un portrait de femme fascinant, ne s’aventurant pas dans d’autres terrains comme la présidence actuelle aux États-Unis, le terrorisme ambiant, tel l’affaire Charlie Hebdo, les tueries dans les écoles en Amérique, et encore moins les conflits mondiaux comme le différent israélo-palestinien.
Elle est née à Brooklyn, ce quartier de New York qui n’a pas toujours été tendre avec ses habitants, mais d’où sont issus de grandes figures de la société américaine, prouvant jusqu’à quel point l’Amérique est bâtie par les immigrants venus de tous les coins du monde. Faut-il en dire plus ?
Quoi qu’il en soit, nous sommes les témoins privilégiés d’un documentaire sur une femme exceptionnelle, motivante, inspirée, d’une générosité intellectuelle à toute épreuve. Édifiant !
Genre : Documentaire biographique
Origine : États-Unis
Année : 2018
Durée : 1 h 38
Dist. : Métropole Films
Horaires & info.
@ Cinéma du Parc – Cineplex
Classement
Tout public
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais.
½ [Entre-deux-cotes]
—
2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.