En salle

The Rider

3 mai 2018

| PRIMEUR |
Semaine du 4 au 10 mai 2018

RÉSUMÉ SUCCINCT
L’univers de Brady est celui des chevaux, des rodéos et d’équitation. Mais un malheureux accident interrompt son avenir.

LE FILM DE LA SEMAINE
| Élie Castiel |

★★★★

La conquête de l’Ouest

Les beaux récits existentiels ont ceci de particulier qu’ils ne parlent pas d’un seul individu, mais exercent chez la plupart des lecteurs ou des spectateurs une influence sur leur vie. Car comme le clame Sartre, « l’existentialisme est un humanisme ». Dans The Rider, il prend la forme non seulement d’un individu dont un dramatique accident l’empêche de participer à des rodéos, mais d’un espace géographique fait de faux rêves et d’illusions perdues, d’une conquête illusoire de l’Ouest américain.

C’est aussi sans doute une certaine Amérique profonde, celle qui opte pour Trump, même si les individus qui y vivent, sont des Amérindiens, et caressent les causes idéologiques de la NRA (National Rifle Association); avoir une arme pour se défendre, ne l’utiliser qu’en cas de légitime défense. C’est ainsi que s’est bâtie une Amérique aussi dévoyée que magnifique. Les acteurs autochtones choisis par la sino-américaine Chloé Zhao sont tout à fait conscients de leurs origines. À un certain moment, l’Amérique les a intégrés, non sans leurres, mais ils ont su s’accommoder tant bien que mal, mais à l’intérieur de leurs territoires.

Terrence Malick n’est pas loin, parfois trop proche,  mais
Chloé Zhao est plus terre à terre, optant pour une poétique
d’un réalisme ancré. Caractéristique maintenue par
une caméra respectueuse des sujets et des lieux filmés et plus
que toute autre chose, par un regard inusité porté sur le monde.

Brady Blackburn, c’est Brady Jandreau (quelque chose de francophone dans son nom détient nul doute un rapport à l’Histoire), un premier rôle magnifique pour un film exceptionnel. L’image et la narration se confondent à tel point qu’il est difficile de savoir qui des deux l’emportera. Zhao, dont c’est ici le deuxième long métrage de fiction après Songs My Brothers Taught Me / Les chansons que mes frères m’ont apprises (2014) est amoureuse de ces vastes plaines et horizons lointains qui défient l’urbanité puisque, par leur nature, racontent l’Histoire, la naissance d’un nouveau monde qui s’impose. Et à travers les personnages, inscrits dans ces territoires quasiment vierges, quelques récits qu’on épelle au jour le jour, comme si les lendemains n’existaient pas… ou au contraire, étaient porteurs d’espoir et de réconciliation.

Terrence Malick n’est pas loin, parfois trop proche, mais Chloé Zhao est plus terre à terre, optant pour une poétique d’un réalisme ancré. Caractéristique maintenue par une caméra respectueuse des sujets et des lieux filmés et plus que toute autre chose, par un regard inusité porté sur le monde. La vie et rien d’autre, même si pour conquérir cet Ouest tant convoité, il fallait tout réinventer.

 

Sortie : vendredi 4 mai 2018
V.o. : anglais; s.-t.f.
Le Cowboy

Réalisation
Chloé Zhao

Genre : Drame psychologique – Origine : États-Unis – Année : 2017 – Durée : 1 h 43 – Dist. : Métropole Films.

Horaires & info.
@ Cinéma du ParcCineplex

Classement
Tout public

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. Mauvais. ½ [Entre-deux-cotes]

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