21 juin 2018
Auteur du très abouti long métrage documentaire The Imposter (2012), Bart Layton signe un premier long métrage de fiction où les origines du genre précédent se font sentir par une brillante mise en scène qui s’organise autour de la vérité et du mensonge. C’est de cela qu’il est question dans American Animals, un film qui se construit au fur et à mesure que se déroule ce récit, en apparence, alambiqué mais qui en fait étale d’une séquence à l’autre une émouvante authenticité. Les vrais personnages de cette histoire véridique se juxtaposent aux acteurs, apportant au déroulement une vertu intrinsèque qui évite le pathos.
Il y a quelque chose d’hétéroclite et d’éclaté dans cette fiction sur une Amérique vibrant au son d’une adolescence (voire jeunesse) éternelle, le rêve d’immortalité à l’intérieur d’un pays qui semble avoir été créé par les Dieux, où tout est possible. Et que le cinéma s’est toujours évertué à perpétuer et souvent à glorifier. Mais chez Layton, il y a ton, une tension, une atmosphère qui puise aux films marquants qui ont influencé son parcours de cinéphile. Sans relâche, le jeune cinéaste soutient son intense envie de filmer, d’imposer le plan comme une règle de base. Le cadre est pour lui une question de morale, voire d’intention, d’idées qu’on peut se faire du cinéma et de la complexité de la mise en scène.
Des visages, des comportements, des imbroglios, dire la vérité, laisser croire au mensonge. Sentir le besoin de rendre les personnages aussi vulnérables que possédés par une force intérieure qui les dépasse. C’est de cela qu’est construit American Animals, dont le générique de départ présente une citation de Charles Darwin tirée de son ouvrage culte On the Origins of Species et autour duquel s’effectue ce récit d’une incroyable efficacité.
Si les comédiens sont tous excellents, force est de souligner la présence bestiale et en même temps candide d’un Evan Peters en plein délire et de l’imbattable ange-démon Barry Keoghan (entre autres, The Killing of a Sacred Deer, de Yorgos Lanthimos et Dunkirk, de Christopher Nolan). Et comment résister au clin d’œil amical à Udo Kier? Cassavetes est parfois au rendez-vous, pour l’atmosphère, Tarantino, période-Reservoir Dogs aussi ; mais il y a surtout une griffe, une signature qui ne dément jamais. Ce jeune cinéaste britannique est déjà un auteur à part entière.
Sortie
Vendredi 22 juin 2018
V.o.
Anglais
Réalisation
Bart Layton
Genre
Suspense
Origine
États-Unis
Année
2018
Durée
1 h 56
Distributeur
Eye Steel Films Inc.
Horaires & info.
@ Cinéma du Parc
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
(Langage vulgaire)
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MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais / ½ [Entre-deux-cotes]
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