10 juillet 2009
Deux jours plus tard, peut-être même le lendemain, « elle est libérée sous caution, toujours interrogée et sans passeport », déclare-t-on dans le communiqué de presse émis par Louis Dusseault, de K-Films Amérique, distributeur de son dernier film Tabous (2004).
Dans le nº 237 (p. 38-39) de Séquences, nous avions dit tout le bien que nous pensions de cette œuvre courageuse qui, par le biais d’une réflexion politique et sociale, émet un discours sur la sexualité d’une intense franchise. Entre documentaire, fiction et essai poétique, la thèse proposée dans Tabous démontrait la façon dont un système politique ancré dans les sphères de la religion pouvait s’imiscer dans les recoins les plus intimes de notre vie privée.
Presque cinq ans plus tard, rien n’a changé. L’Affaire Farahani est un exemple d’intolérance, de mysoginie, de refus de sexualité privée, de censure, d’intransigeance face à l’un des besoins les plus fondamentaux de la vie. Mais surtout, une confirmation de la fragilité des valeurs démocratiques.
Une des intervenantes du film, et pour être plus précis, une prostituée, déclarait que la plupart de ses clients étaient des hommes religieux. Triste confirmation d’une société hypocrite, oscillant entre une morale qui n’a plus droit de cité et un besoin qu’on assouvit à la dérobée. Dans une entrevue que nous accordait Farahani, dans le même numéro de Séquences, elle signalait qu’« après la guerre, l’Iran a commencé à nourrir le précepte du culte de la mort.
À suivre…
Chez nous, en Occident, dans ce qu’on appelle le « monde libre », les cinéastes ont le droit de s’exprimer sur tous les sujets. C’est le cas de la nouvelle vedette populaire du jour, Sacha Baron Cohen. Qu’importe le sujet, avec Borat: Cultural Learnings of America for Make Benefit Glorious Nation of Kazakhstan, Cohen et son complice-réalisateur Larry Charles redéfinissaient la notion de provocation, poussant jusqu’à l’extrême la gestuelle et les situations. Aujourd’hui, avec Brüno, le tout dernier opus de ce qui ressemble à une véritable franchise, les deux acolytes s’en donnent à cœur joie dans cet exercise qui oscille entre le vulgaire et le faussement dramatique, entre la satire sociale et la liberté d’expression, entre le grand-guignolesque et le slapstick, et finalement entre le féroce besoin d’éclabousser l’establishment et celui de tout simplement s’en foutre éperdument de tout.
Avouons-le, Brüno provoque, embarrasse, dégoûte avec un sentiment inavoué de plaisir coupable, nous oblige à voir en face, sans masque, sans faux-semblant et sans aspérités la vérité en face, à la façon coup-de-poing, et comme les Américains le disent si bien, « the hard way ».
Un film donc qui provoquera trois types de réaction: crier au scandale devant tant d’obscénités; avoir, le temps que dure la projection, le sentiment de planer en toute liberté; et finalement l’indifférence, en attendant le prochain volet.
Élie Castiel – Rédacteur en chef
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