19 mars 2010
Il s’agit tout d’abord d’un premier long métrage collectif dont on sent la passion du cinéma qui anime les quatre réalisateurs. En fins observateurs du quotidien, ils nous offrent une brillante comédie de mœurs urbaine, moderne, au diapason de son époque. Il y a un peu de Trogi dans Lucidité passagère, son dynamisme, sa verve, son sens de la répartie, son cynisme approprié.
Mais il y aussi, et sourtout, quatre regards, quatre visions de la société qui s’entremêlent les unes aux autres, s’entrechoquent, se dispersent, se retrouvent et finissent par aboutir en un tout cohérent, d’une éblouissante richesse humaine.
Il ne s’agit ici d’encenser un nom plus que l’autre. Le collectif surprend, renouvelle en quelque sorte les structures de la mise en scène, se donne une liberté totale, mais en même temps maîtrise chaque plan, chaque mouvement des personnages. L’entente et la cohésion entre les quatre réalisateurs est totale, absolue. L’un n’est pas placé plus haut que l’autre. La symbiose règne et définit la mise en situation.
Et comme fil narratif, des histoires d’aujourd’hui, des québécois urbanisés conscients des nouveaux enjeux sociaux, en accord avec une époque incertaine où le bonheur ne peut se trouver que dans le moment présent. Les personnages s’aiment, se nuisent, se séparent, se retrouvent, font face à la vie avec détermination ou sans doute même avec irresponsabilité, et en fin de compte finissent par se résigner devant les imperfections de l’existence.
Mais avant tout, Lucidité passagère est un brillant premier film, sincère, efficace, magnifiquement écrit et bénéficiant de la présence d’un groupe de comédiens totalement investis dans leurs rôles respectifs.
Élie Castiel
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