Entrevues

Maxime Giroux

11 mars 2011

« J’ai l’impression de vivre dans une société qui peut éclater à tout moment…»

Après une tournée de festivals, notamment ceux de Locarno et du Nouveau Cinéma, le deuxième film de Maxime Giroux trouve enfin le chemin des salles. Deux ans après Demain, qui nous avait laissés à moitié convaincus, le jeune cinéaste renoue avec la banlieue et sa mélancolie traînante, mais cette fois sa mise en scène s’est épanouie. Et si son regard conserve toujours sévérité et « cruauté », il témoigne néanmoins d’une sensibilité et d’une tendresse irréfutables à l’égard de cette jeunesse désabusée qu’il documente… Rencontre.

>> Propos recueillis par Sami Gnaba

Comment s’est passée la transition entre le vidéoclip et le cinéma ?

C’était un passage obligé pour moi, le vidéoclip. C’est clair. Ça m’a permis aussi de me rendre compte que le cinéma c’était autre chose que juste des images. Oui, c’est un art qui passe par des images, mais l’image en soi ne veut rien dire s’il n’y a pas d’expression personnelle apposée à ça. Et avec le vidéoclip, j’en ai produit en crisse, des images qui ne voulaient rien dire, j’en ai fait beaucoup trop. J’aurais pu facilement tomber dans un cinéma similaire. Mais pour moi, c’était important d’aller plus loin que le trip esthétique… C’était important pour moi que mes films soient pertinents, personnels.

J’ai trouvé ce deuxième film plus ample, plus ancré dans ses personnages et, étrangement, plus court dans sa durée.

Oui, c’est vrai. En sortant de l’aventure de Demain, moi et Alexandre Laferrière (coscénariste), on s’est dit qu’on avait essayé quelque chose qui tenait du degré zéro dans le domaine de la scénarisation — c’est-à-dire que l’enjeu dramatique est très réduit, pratiquement nul — et que peut-être on était allés trop loin. Ce genre de démarche avait ses qualités et ses limites. Avec Jo pour Jonathan, on voulait faire quelque chose de plus scénaristiquement conventionnel, atteindre un degré plus élevé d’émotions. Du coup, ça a résulté en un scénario hyper simple… En ce qui concerne sa durée, je dirais que le sujet n’en demandait pas plus. Je ne sentais pas le besoin d’aller plus loin…

Texte complet : Séquences (nº 271, pp. 38-39)

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