10 juin 2011
THE MAN NEXT DOOR (El hombre de al lado)
COMÉDIE DRAMATIQUE | Argentine 2009 – Durée : 110 minutes – Réal. : Mariano Cohn, Gastón Duprat – Int. : Rafael Spregelburd, Daniel Aráoz, Eugenia Alonso, Eugenio Scopel, Lorenza Acuña, Iñes Budassi – Dist. : Film Sales | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc
Résumé
Lorsque Leonardo, nouveau locataire dans un immeuble, essaie de poser une grande fenêtre faisant face à la maison de son voisin, ce dernier proteste, utilisant plusieurs raisons. Mais tout ce que Leonardo veut, c’est un peu de soleil dans sa vie.
En quelques mots
Déjà dans El Artista vu dans un festival montréalais, les deux réalisateurs scrutaient le statut de l’artiste dans la société contemporaine. Ici un designer imbu de lui-même vit bourgeoisement dans une maison qui pourrait être bientôt classée dans le patrimoine de l’humanité car elle fut pensée par Le Corbusier. Le scénario joue donc de prime abord dans une opposition entre mur aveugle et fenêtres sur cour. Une famille est montrée dans ses multiples actions dans cette structure habitée aux perspectives multiples alors qu’est distillée la présentation d’informations sur le voisin dont le caractère et les préoccupations apparaissent aux antipodes de celles du lauréat. La mise en scène flirte en plus avec le film d’horreur jouant sur certains archétypes de véhicules et de conversations. Employant avec bonheur le jeu très différencié des deux acteurs principaux, Cohn et Duprat nous offrent une comédie sarcastique sur les relations vicinales et sur la place de la vie privée dans une société qui est construite sur la fluidité de l’information. >> Luc Chaput
AUTRES SORTIES EN SALLE …
BELLE ÉPINE
DRAME | France 2010 – Durée : 80 minutes – Réal. : Rebecca Zlotowski – Int. : Léa Seydoux, Anaïs Demoustier, Agathe Schlencker, Johan Libéreau, Guillaume Gouix – Dist. : K-Films Amérique | Horaires / Versions / Classement : Cinéma Beaubien
Résumé
Une adolescente esseulée et légèrement délinquante s’intéresse à un groupe de jeunes motards. Après s’être liée à l’un d’eux, elle hésite sur la conduite à adopter.
En quelques mots
Filmée comme pour lui dévorer l’âme, Léa Seydoux se prête sans inhibition au regard de la caméra tout autant que les tendrons, évocateurs des toiles de Balthus, qui la côtoient. Ses manières frustes et malhabiles la rendent asociale alors qu’elle fait tout pour intégrer un gang de motocyclistes rivalisant d’audace, la nuit, dans les longues allées désertées de Rungis. Le film se situe à une époque floue où la musique ringarde, les dessous féminins fonctionnels (hideux modèles Playtex) et le papier peint suranné des années 70 se confondent avec le mal de vivre intemporel de l’adolescence. Le montage linéaire suit ses errances, ses émois et son désir de se lier avec d’autres êtres humains. Le spectateur se retrouve dans la même expectative que cette jeune fille à l’air buté et farouche, celle de voir quelque chose de significatif arriver. Un peu à la manière de certains protagonistes chez Pialat ou Téchiné, ceux de Belle Épine sont désœuvrés et livrés à un destin des plus ordinaires, meublé de rencontres glauques et de corps à corps gauches. Véritables tableaux vivants, parfois inspirés de grands maîtres, les plans et cadrages de Georges Lechaptois éclairent bien le réalisme social que la scénariste-réalisatrice Rebecca Zlotowski a cerné dans son premier long métrage. >> Patricia Robin
CELL 213
SUSPENSE | Canada 2008 – Durée : 108 minutes – Réal. : Stephen Kay – Int. : Eric Balfour, Bruce Greenwood, Rothaford Gray, Michael Rooker, Deborah Valente – Dist. : Evokative Films | Horaires / Versions / Classement : AMC
Résumé
Un jeune avocat vaniteux et malhonnête est incarcéré à tort pour un crime qu’il n’a pas commis. Pris de remords en raison de son passé trouble, il tente de racheter son âme avant que Satan ne s’en empare.
En quelques mots
Après plusieurs téléséries et, entre autres, Get Carter (2000) où par admiration sans doute, il donnait l’occasion à la légende chancelante Sylvester Stallone de manifester ses facultés d’interprétation, et puis ensuite Boogeyman (2005), plus ou moins réussi, le néo-zélandais Stephen T. Kay a tourné Cell 213 au Canada. Si l’atmosphère glauque et désespérée donne au film tout son aura de mystère, on soulignera la faiblesse du scénario, inutilement compliqué, passant d’un idée à l’autre sans crier gare. Mais la plupart des comédiens s’en tirent honorablement bien et la direction photo s’avère de haut calibre. Les éléments du film d’horreur sont présentés avec sobriété, alors que le suggestif l’emporte sur le démonstratif et l’excessif. L’ensemble donne l’impression qu’il s’agit, pour le cinéaste, d’une tentative de réinventer le film de genre. Effort qu’il n’arrive pas toujours à assumer avec assurance et clarté. >> Élie Castiel
GERRY
DRAME BIOGRAPHIQUE | Canada [Québec] 2010 – Durée : 131 minutes – Réal. : Alain Desrochers – Int. : Mario Saint-Amand, Marc-François Blondin, Eugène Brotto, Louis-David Morasse, Capucine Delaby, Éric Bruneau, Madeleine Péloquin, Laurent Lucas – Dist. : Séville | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cinéma Beaubien – Cineplex Divertissement | Sortie : 15 juin 2011
Résumé
Issu d’une famille modeste, Gerry Boulet connaît la gloire au sein du groupe rock québécois Offenbach. Après une vie parsemée de déboires et marquée par une grande histoire d’amour, il est emporté par un cancer en 1990.
En quelques mots
Avec ce quatrième long métrage, Alain Desrochers (La Bouteille, Nitro, Cabotins) entre dans la cour des grands en s’assurant un succès populaire grâce à la légende sur laquelle il jette un regard franc et attendri. Cette biographie romancée (genre casse-gueule s’il en est un) du célèbre rocker québécois est rythmée, fidèle au personnage et vibrante de l’âme de ce passionné pour qui la musique représentait tout, au risque de délaisser femmes et enfants, parents et amis. Mais avant tout, la performance étonnante de Mario Saint-Amant subjugue tant il personnifie Gerry Boulet avec brio et pétulance. L’homme avait conquis le cœur des Québécois de tous âges, l’acteur surprend par son interprétation. Entouré de gaillards qui semblent s’amuser ferme dans la peau des membres d’Offenbach, il mène le film avec fougue et force dans ce tableau singulier des années 70-80 : sexe, drogue et rock’n’roll. Mais Gerry est aussi un amoureux qui fonde une famille, puis une autre. Enchevêtrée aux scènes de créativité et de prestation, la vie affective du chanteur est développée avec beaucoup de réalisme, laissant un portrait d’être tiraillé entre ses sentiments et la musique pour laquelle il donnera tout, de manière déterminée quoique parfois brouillonne. Encore une fois, le réalisateur fait appel à ses vieux comparses pour le seconder dans cette aventure cinématographique. Dominique Desrochers signe une direction artistique sans faille et fort ingénieuse. Les costumes, coiffures et maquillages confèrent à l’ensemble une vraisemblance et une précision mémorables. Yves Bélanger traite l’image de façon fluide, évanescente, vibrante et atmosphérique; les cadrages efficaces et les mouvements de caméra, surtout en captation de spectacle, respectent l’essence du sujet et de son espace musical. >> Patricia Robin
JUDY MOODY AND THE NOT BUMMER SUMMER (Judy Moody et son été pas râté)
COMÉDIE FANTAISISTE | États-Unis 2011 – Durée : 89 minutes – Réal. : John Schultz – Int. : Heather Graham, Jaleel White, Preston Bailey, Jordana Beatty, Parris Mosteller – Dist. : Equinoxe | Horaires / Versions / Classement : AMC – Cineplex Divertissement
Résumé
Une petite fille à l’imagination fertile voit son été de rêve s’évanouir lorsque ses amis l’abandonnent. Heureusement, l’arrivée d’une tante aussi mystérieuse que farfelue lui permet de vivre des aventures fabuleuse.
En quelques mots
SANS COMMENTAIRES.
ROUGE COMME LE CIEL (Red Like the Sky / Rosso come il cielo)
DRAME | Italie 2005 – Durée : 96 minutes – Réal. : Cristiano Bortone – Int. : Luca Capriotti, Paolo Sassanelli, Francesca Maturanaza, Marco Cocci – Dist. : A-Z Films Inc. | Horaires / Versions / Classement : Cinéma Beaubien – Cinéma du Parc
Résumé
Devenu aveugle à la suite d’un accident, un petit Italien se retrouve dans une école spécialisée étouffante, aux méthodes rigides. La découverte d’un magnétophone lui permet d’expérimenter l’univers sonore et de développer sa créativité. Évocation des jeunes années de Mirco Mencacci, célèbre ingénieur du son italien.
En quelques mots
Si Rouge comme le ciel possède un certain charme, c’est surtout dû au traitement dépouillé de toutes fioritures et au rythme fugitif qui permettent de mettre en valeur les faits et gestes d’un jeune héros du quotidien. Le paradoxe totalement assumé dans la mise en scène s’explique justement par cette approche sage qui non seulement contraste avec l’esprit foisonnant et l’imaginaire fertile du protagoniste, mais également avec la réalité politique tumultueuse de l’époque où se passe l’action, au tout début des années 70. Sur ce point, et sans s’en rendre compte consciemment, le jeune Mirco (magnifique Luca Capriotti) pose un premier geste militant qui changera son destin à tout jamais malgré son handicap visuel : l’appropriation d’une indépendance de pensée quasi complète. Car le film est aussi le témoignage d’une loi italienne interdisant aux enfants visuellement altérés le droit à une scolarité normale dans une école publique. Loi qui sera d’ailleurs largement modifiée au cours des années qui vont suivre. Si certains resteront de glace devant la facture classique de cette émouvante tranche de vie, parfois même anecdotique, il n’en demeure pas moins que le réalisateur joue le tout pour le tout et transforme ce qui aurait pu facilement être un mélodrame en une émouvante ode à la vie, au cinéma et à l’art le plus souvent inatteignable de réaliser ses rêves. >> Élie Castiel
SUPER 8
SCIENCE-FICTION | États-Unis 2011 – Durée : 112 minutes – Réal. : J. J. Abrams – Int. : Elle Fanning, Joel Courtney, Kyle Chandler, Ryan Lee, Zach Mills, Gabriel Basso – Dist. : Paramount | Horaires / Versions / Classement : Cineplex Divertissement
Résumé
Lors du tournage d’un film amateur, des adolescents sont témoins du déraillement d’un train. Persuadés qu’il ne s’agit pas d’un accident banal, ils entament une enquête sur les événements étranges qui se produisent dans leur ville.
En quelques mots
Le plaisir coupable que procure ce film aux accents épiques puisés à partir des grands classiques du cinéma de genre comme Close Encounters of the Third Kind, E.T. ou encore Alien et The Goonies est d’autant plus jouissif qu’il nous ramène à un âge d’or où spectacle grand public pouvait souvent être un divertissement intelligent. À une époque où le cinéma d’auteur et celui mainstream se livrent une guerre sans merci à grands coups de théories didactiques souvent laborieuses d’une part, ou de grandes promesses non tenues de l’autre, nous avons grand besoin de ce retour aux sources d’un cinéma primaire où la notion du spectaculaire imposait au spectacteur une véritable aventure du regard. Réinventant les clichés associés aux films de science-fiction et d’autres genres comme le film de monstre ou le drame romantique, J. J. Abrams rend hommage aux belles années des blockbusters à la Spielberg, imitant son maître (également coproducteur du film) avec un sentiment de respect profond et une admiration touchante. Il le fait aussi avec un savoir-faire étonnant, mêlant aventures et politique (le péril jaune) grâce à des scènes d’action époustouflantes et des dialogues magnifiquement écrits. Les jeunes comédiens s’en donnent à cœur joie dans des rôles taillés sur mesure qui réinventent la magie de l’adolescence. Et on retrouve avec bonheur la magistrale Elle Fanning de Somewhere dans un registre différent qui pousse encore plus loin ses facultés de grande actrice. >> Élie Castiel
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