En couverture

Ken Russell | 1927-2011

2 décembre 2011

Dans le cadre de Monitor, série documentaire sur les arts de la télévision britannique, un réalisateur de 32 ans, sous la direction de l’animateur Huw Weldon qui agit comme son mentor, produit des biographies de musiciens et autres artistes employant des reconstitutions avec acteurs et trouvant un équivalent visuel à leurs œuvres. De cette série qui marqua l’imaginaire télévisuel anglais, on peut au moins garder Song of Summer sur Delius.

Ce fils de cordonnier, qui avait été danseur et acteur avant d’apprendre la photographie et d’entrer à la BBC, a donc ensuite la possibilité de réaliser des adaptations d’œuvres littéraires pour le grand écran. Tout d’abord, Women in Love, d’après D.H. Lawrence, étonne par son combat de lutte entre deux hommes nus, spectacle qui choque dans un cinéma moderne plus habitué à montrer les nudités féminines. C’est pourtant Glenda Jackson qui gagne l’Oscar de meilleure actrice. Le baroquisme du style est poussé au plus loin dans The Devils, adaptation d’un roman d’Aldous Huxley sur les possédés de Loudun. Mélange de fantastique, d’horreur et d’anticléricalisme, ce film mettant en vedette Oliver Reed que Russell connaît depuis Monitor, subit les foudres de certains censeurs, ce qui favorise sa notoriété et son succès.

Suivent des adaptations foisonnantes de l’opéra rock Tommy et des biographies déjantées de Tchaïkovski (Music Lovers), Mahler ou Liszt (Lisztomania) jouant dans ce dernier cas sur le fait véridique que le pianiste et compositeur hongrois était déjà une grande vedette internationale comparable à ce que sont devenus depuis les Michael Jackson et autres Elvis Presley. Son conflit avec le romancier et scénariste Paddy (Marty) Chayefsky au sujet d’Altered States et l’insuccès populaire de cette vision psychosensorielle du travail du scientifique allant au-delà du réel lui ferment alors les portes d’Hollywood. Il devient un metteur en scène d’opéra tout aussi iconoclaste tout en continuant à fréquenter Oscar Wilde (Salome’s Last Dance) et autres sujets sulfureux dans des films à plus petit budget dont le dernier important est Whore.

Cinéaste emblématique des débordements des années hippies et psychédéliques, Russell, pour ses spectacles en images en mouvement où les mélanges de genres sont détonants, a reçu, au cours des trois dernières années, des hommages à deux festivals montréalais, le Fifa puis Fantasia.  >> Luc Chaput

2024 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.