20 décembre 2011
>> Élie Castiel
À partir de la tradition philosophique orientale, des arts acrobatiques chinois et de l’harmonie entre l’humain et la nature, Dralion est un amalgame de civilisation orientale et occidentale qui fusionnent par le biais des diverses disciplines propres au spectacle de cirque : danse, acrobatie, jonglerie, chants et autres.
Sous le grand chapiteau, au Vieux-Port de Montréal, le Cirque du Soleil invente quelque chose de magique, d’intime et de superlatif. L’émotion y est plus forte, l’émerveillement spontanée et sincère, la folie à la fois candide et surréaliste. Et plus encore, il y a un effet de distanciation entre le spectacle sur scène et l’auditoire qui rend l’imaginaire des spectateurs encore plus fertile. Au Centre Bell, le spectacle doit s’adapter à l’immensité de la salle, mais aussi et surtout, compte tenu qu’il est présenté durant le temps des fêtes de fin d’année, à un public beaucoup plus large, dont une grande partie composé d’enfants. D’où le compromis entre l’art créatif et l’esprit rassembleur. C’est en 1999 que Dralion est présenté pour la première fois à Montréal. Ces années de distance ont produit un nouveau casting (dû à la nature particulière du spectacle, de nombreux artistes sont maintenant d’origine chinoise), probablement de nouveaux costumes (mais toujours aussi étincelants) et sans doute un supplément de risque quant aux divers numéros exécutés.
Toutefois, lorsque l’écart entre la scène et l’auditoire se rétrécit, quelque chose d’envoûtant et d’ensorcelant disparaît également, c’est palpable et instantané. Mais ne gâchons pas notre plaisir. Dans sa version-Centre Bell, les acrobates sont aussi vigoureux et éthérées, le jongleur, d’une précision remarquable et les danseurs aussi vertigineux. Entre l’Orient (le dragon) et l’Occident (le lion), d’où le titre évocateur et symbolique, Dralion propose un pot-pourri (parfois un peu étourdissant) de rythmes et de sensations du monde qui ne fait que confirmer le côté hautement mondialiste, écologiste et conciliateur du spectacle (recours aux principaux éléments de la vie – air / eau / feu / terre). Il y a du Fellini, un peu de Bollywood, de la danse folklorique africaine et plus encore. Mis à part deux bémols , l’inutile et répétée intégration au spectacle d’un faux-spectateur et l’omniprésence de quelques clowns aux numéros un peu dépassés, le reste de Dralion combine grâce du mouvement et rigueur d’exécution. C’est sincère, sexy par moments, vigoureux, jubilatoire et ça procure un plaisir candide et temporairement extra-terrestre.
SPECTACLE DE CIRQUE | – Mise en scène : Guy Caron – Dir. art. : Stéphane Roy – Mus. : Violaine Corradi – Chor. : Julie Lachance – Cost. : François Barbeau – Éclairages : Luc Lafortune – Avec : Vladislav Myagkostupov (jongleur), Marie-Ève Bisson (numéro aérien), Tara Catherine Pandeya (danseuse), Han Yuzen (balancement sur canne), Cristian Zabala (chanteur), Agnès Zohier (chanteuse) | Représentations : Jusqu’au 30 décembre 2011, au Centre Bell.
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