3 mars 2012
Le cinéma asiatique a connu un essor remarquable dans les dix dernières années gagnant de nombreux prix dans les festivals internationaux. D’ailleurs à Montréal, le festival Fantasia lui est consacré dans sa version la plus populaire du cinéma de genre. Amérasia nous permet tout d’abord de voir un grand film du réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda Kiseki (I Wish) , équivalent de L’Argent de poche de Truffaut ou de I Was Born but… d’Ozu.
Deux jeunes frères vivent chacun chez un parent dans des villes de Kyushu assez éloignées pour qu’ils ne puissent se voir fréquemment et c’est donc là un de leurs souhaits. Le réalisateur, par petites touches, nous fait entrer dans ces deux familles et dans les relations amicales des deux garçons qui font preuve de débrouillardise. La transmission de savoirs par les grands-parents est amenée de manière ludique et permet de comprendre la vie quotidienne dans ces deux régions. L’interprétation de tous est étonnamment juste dans cette œuvre où le souhait du titre fait référence à plusieurs événements.
Aftershock (Tangshan dadizhen), le film chinois à grand spectacle de Feng Xiaogang qui a été le plus grand succès populaire du cinéma de ce pays est une relecture historique de l’évolution de la Chine entre la fin de la révolution culturelle et la période très récente. Au départ le désastre incommensurable du tremblement de terre de Tangshan en 1976 est montré avec une belle maîtrise des effets spéciaux et l’on comprend le dilemme de la mère. La place de l’armée populaire chinoise dans la structure du pays est illustrée par l’adoption d’une petite fille par un couple de militaires pendant que son frère est élevé par sa mère veuve travaillant dans l’industrie manufacturière.
Les deux enfants grandissent et reçoivent une éducation poussée et le scénario propulse le spectateur d’étapes en étapes dans les méandres d’une intrigue dont on perd quelque peu les références puisqu’elle donne une place par trop larmoyante à la piété filiale. L’interprétation inégale n’aide pas à cette compréhension et le parallèle de la construction du géant chinois et de la reconstitution de la famille devient quelquefois trop évident dans ce traitement plutôt emphatique.
À signaler aussi la reprise du très beau documentaire de Zhia Jang Khe I Wish I Knew (Hai shang chuan qi) sur l’histoire de Shanghai au XXème siècle produit à l’occasion de l’exposition universelle dans cette métropole et la présentation de plusieurs films d’animation coréens. Séquences reviendra sur certains autres film lors de leurs sorties. Du 1er au 4 mars et du 9 au 11 mars 2012, au Cinéma du Parc, à la Cinémathèque québécoise et à l’ONF. >> Luc Chaput
2025 © SÉQUENCES - La revue de cinéma - Tous droits réservés.