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Coupures dans le domaine de la culture et du cinéma

19 avril 2012

TERRAIN GLISSANT…  LA CULTURE EN DANGER

>>  Élie Castiel

La culture est toujours la première cible lorsqu’il y a crise budgétaire au sein des gouvernements. Côté pratique, c’est tout à fait normal puisque les autres domaines d’intervention comme la santé et l’éducation paraissent et sont en fin de compte plus urgents, même si en ce qui a trait à l’accès démocratique aux études, tout n’est pas rose en ce moment au Québec, comme on peut s’en rendre compte depuis déjà quelques semaines.

Les principaux organismes fixés en rapport avec la culture fédérale (si elle existe) sont ceux qui sont les plus nécessaires au bon fonctionnement et au rayonnement du bagage de connaissances québécois et canadien ici et à l’étranger : la Société Radio-Canada, Téléfilm Canada et l’Office national du film de Canada, auxquels le gouvernement fédéral impose des coupures budgétaires de 10%  les obligeant à modifier, voire réduire, leurs infrastructures.

Les subventions, quels que soient les domaines auxquels elles sont accordées, proviennent, nous sommes tous d’accord, des deniers publics et sur ce point, le gouvernement doit faire des choix. Mais nous devons nous opposer catégoriquement lorsque les décisions sont prises arbitrairement, sans consultations. Cela se passe depuis deux mois avec les étudiants. Ce n’est que récemment que le gouvernement commence à réagir, et pas aussi sérieusement qu’on l’aurait voulu.

Mais la culture, n’est-elle pas la mouvance d’un pays, l’appartenance identitaire sans laquelle on cesse d’exister ? Le communiqué de presse de Québec Cinéma1 reçu il y a deux jours nous interpelle et nous pousse à prendre position devant un tel phénomène de société.

Doit-on revenir aux temps anciens du mécénat (même si de ce côté, on se voit parfois obligé d’en avoir recours), lorsqu’un les bons soins d’un grand samaritain permettaient à tel ou tel artiste de survivre et de continuer à pratiquer son art ? S’il est vrai que les gouvernements fédéral et provincial ont largement contribué à la survie des organismes et des institutions culturels, faut-il pour cela rebrousser chemin et voir diminuer l’envergure de ces appuis ?

Toujours est-il que dans un climat économique morose et incertain, la culture doit tout de même être défendue. Des coupures en ce qui a trait à Radio-Canada peuvent vouloir dire, entre autres, le silence de plusieurs voix ; dans celui de Téléfilm Canada, la précarité dans la production des films et dans le soutien au fonctionnement de nombreux festivals tels les RVCQ, le FNC, les RIDM déjà fragilisés dans leur financements ; quant à l’ONF, qui pour obéir aux directives devra fermer ses salles, elles entraîneront un appauvrissement au niveau de la diffusion de la programmation de ces festivals sans compter l’impact sur sa programmation régulière.

Mais ce qui importe, c’est de rappeler que dans tous les cas, en plus des pertes d’emplois qui font bouger l’économie, c’est d’identité qu’il s’agit. Il faut finir par comprendre que la culture n’est pas un commerce, une valeur marchande à but lucratif, mais un sauf-conduit, un passeport national qu’il faut protéger, faute de quoi il se perd et finit par nous séparer et nous plonger dans l’insupportable exil.

Et si de l’autre côté, on ne peut rester aveugle devant la réalité gouvernementale en matière de finances, que reste-t-il alors à faire ? La négociation, le débat, les pourparlers, s’asseoir à la même table, mais pas à n’importe quel prix. Au contraire, un des gestes à poser est celui de la concertation dans la réalisation d’un projet culturel commun négocié et durable selon une approche rassembleuse d’égal à égal, chose de plus en plus rare de nos jours.

1 Québec Cinéma a pour mission de promouvoir et de contribuer au développement du cinéma québécois et de son industrie, incluant les artistes, artisans et professionnels du milieu, au niveau national et international. Il est le fier organisateur des Rendez-vous du cinéma québécois, des Jutra, de la Tournée du cinéma québécois et des Tête-à-tête.
Plus tôt cette semaine, l’organisme a fait parvenir une lettre au ministre du Patrimoine canadien, Monsieur James Moore, afin de solliciter une rencontre avec l’ensemble des représentants du milieu pour engager un dialogue orienté sur la recherche de solutions.

[Source : Québec Cinéma]

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