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Subventions

6 mai 2012

OÙ VA L’ARGENT ?

>>Élie Castiel

Nous apprenons des choses par le biais des quotidiens, par Internet, grâce aussi aux bouche à oreille que nous recueillons. Avec tant de médias, aujourd’hui, sur le marché, versions virtuelles comprises, il est impossible que notre revue soit inscrite dans la liste des médias de tous les organismes, d’autant plus que souvent les communiqués de presse ne sont pas liés tout à fait directement au cinéma. Ce qui nous oblige de plus en plus à rester coincés devant notre PC pour nous assurer que nous sommes à jour. Ceci dit, arrêtons de nous plaindre et faisons le point sur deux nouvelles qui nous interpellent.

LES SUMMUM DE TOUS LES PLAISIRS
Avant de nous prononcer, et comme il se doit, nous avons navigué un peu partout autour des sites Summum – Le magazine Nº 1 pour hommes au Québec et de Summum Girls, pour nous assurer que nous ne déverserons pas des protestations juste par pur plaisir ou par provocation. La raison : l’octroi par Patrimoine canadien d’une subvention de 200 000 $ à ces magazines. Le lien en question (voir ici) cite l’ex-députée bloquiste Christiane Gagnon selon qui « … c’est honteux de voir qu’on trouve 200 000 $ pour publier ce type de revue-là, qui devrait plutôt relever de l’entreprise privée, quand il y a des organismes communautaires qui veulent aider les femmes à se sortir de la prostitution, entre autres, et qui ont besoin justement des ressources. » Mme Gagnon signe en tant que présidente du conseil d’administration de la Maison Marthe, organisme qui vient en aide aux femmes prostituées, entre autres.

Les faits : ce que nous avons trouvé dans ce magazine est bien présenté, la construction du site s’avère efficace, sobre et méthodique. Il y a aussi un bon soin apporté au visuel et, semblable, au légendaire Playboy, présente des textes un petit brin analytiques et souvent factuels correctement rédigés sur des enjeux sociaux. Ce n’est pas porno, mais érotique. Ce n’est pas licencieux, mais sensuel. Ce sont des magazines qui donnent l’impression d’être des recours psychnalytiques à la condition masculine hétérosexuelle, malgré les apparences, en proie ces dernières années à des doutes et des incertitudes face à une femme de plus en plus affranchie, libre de ses actes, de ses gestes, de ses mouvements et de sa pensée. Et tant mieux !

La grande question, cependant : devraient-ils être subventionés, particulièrement lorsque ces sommes proviennent du volet « appui aux arts et à la culture » ?

Non, ces publications ne relèvent absolument pas de l’art ou de la culture, mais au contraire de la mouvance sociale, de cette dynamique grand public qui compte essentiellement sur les échanges lucratifs publicitaires. Si l’on se fie aux nombreuses annonces qu’on retrouve dans les deux sites, nous nous posons vaiement la question quant à leur appui financier de la part du fédéral. Lorsqu’on constate, année après année, que des publications culturelles (dont celle que vous lisez), au lectorat, certes restreint, reçoivent des montants plutôt maigres des différents paliers gouvernementaux au fédéral, provincial et municipal, on ne peut que remettre en question toute la politique subventionnaire. Lorsque qu’un pays, comme le Canada, décide de venir en aide à des publications culturelles, cela nous oblige à nous interroger sur le terme « culture », ces derniers temps fréquemment pris à toutes les sauces. Selon le Larousse, ce vocable se définit aussi par «… l’ensemble des structures sociales et des manifestations artistiques, religieuses, intellectuelles qui définissent un groupe, une société par rapport à une autre ». Dans le cas des magazines Summum, sont-ils artistiques ? À chacun de se prononcer ; religieux ? certainement pas ; intellectuel ? sans pour autant verser dans le simplisme, il ne le sont absolument pas.

Le mot de la fin réside dans un fait incontournable. Ce genre de publications ne relève que du privé. Quant aux paroles de Mme Gagnon, elles sont tout à fait appropriées et sont le produit d’une rage et d’un désespoir. On se demande parfois qui sont ces personnes qui, autour d’une table, décident des montants accordés à telle ou telle publication.

LA CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE… ESPOIR ET GAIN DE CAUSE
Selon un lien émanant du provincial (cliquez ici), Mme Christine St-Pierre , la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, annonce qu’un comité sera formé pour venir en aide à la Cinémathèque québécoise, faisant face à des problèmes financiers qui menacent sa propre existence.

Encore une fois, c’est une question de culture, et plus encore de « cinéma », le volet le plus fragile. Bientôt cinquantenaire, la Cinémathèque québécoise a largement contribué à l’essor de la culture, autant par ses activités que par ses efforts de conservation de la mémoire cinématographique collective, tant sur le plan national, bien sûr, qu’international. La question ne se pose donc pas. Le gouvernement doit conserver cette institution nationale. C’est une question d’image, de marque, d’honneur, face au reste du monde. Mais ce qui est important cependant de rappeler, c’est avant tout que la culture est un ensemble d’activités sociales et artistiques à but non lucratif, qui ne doit pas nécessairement rapporter du profit, ce qu’elle rapporte en retour, c’ est la richesse intellectuelle et humaine d’un peuple, ce par quoi elle se définit.

Cependant, parmi les membres externes du comité, aucun représentant du milieu cinématographiques, comme les réalisateurs ou les toujours « laissés-pour-compte », les critiques de cinéma. Mais peut-être bien que les propos de ces deux groupes, le plus souvent  et à juste titre contestaires et parfois même subversifs, font peur. Voyons la suite…

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