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Une nouvelle découverte allemande

3 juin 2012

QUI LE FERA, SINON NOUS ?
(Wer wenn nicht wir)

DRAME SOCIAL | Origine : Allemagne – Année : 2011 – Durée : 104 minutes – Réal. : Andres Veiel – Int. : August Diehl, Lena Lauzemis, Alexander Fehling – Contact : The Match Factory (Allemagne).

Résumé
Début des années 1960, dans petite ville de l’Allemagne de l’Ouest. Bernward Vesper et l’une de ses camarades d’université, Gudrun Ensslin, vivent une aventure amoureuse passionnée. Croyant au pouvoir des mots et voyant les ravages de la guerre au Vietnam, ils se lancent dans l’édition d’ouvrages politiques controversés. Mais, comme le monde qui les entoure, leur relation est de plus en plus tumultueuse. En 1968, Gudrun intègre Fraction armée rouge, un groupuscule terroriste pro-violence dirigé par Andreas Baader.

En quelques mots
★★★

Qui le fera, sinon nous ?,
récipiendaire du Prix Alfred Bauer à la Berlinale 2011, est le premier long métrage de fiction réalisé par Andres Veiel, un documentariste allemand qui s’est fait connaître pour ses films engagés tels que Black Box BRD (2001), Prix du cinéma allemand pour le Meilleur documentaire, et Der Kick (2006), Grand Prix  à Cinéma du réel.

Entrecoupé de documents d’archives et présentant les faits chronologiquement, le film de Veiel nous replonge dans prémisses de « la bande à Baader », ce groupe armé qui terrorisa l’Allemagne au début des années 70. Le film se concentre sur le personnage de Gudrun Esslin, l’une des figures les plus importantes du mouvement. Le film prend le temps de dresser les contours des protagonistes et de les faire évoluer au rythme de leur conditionnement psychologique et de leur obstination à vouloir changer le monde. En grand documentariste qu’il est, le réalisateur agrémente sa fiction d’une bonne analyse sociale de l’époque et nous donne quelques pistes sur ce qui a pu contribuer à la naissance de ce mouvement contestataire particulièrement vindicatif (morale stricte d’une partie de la population, occupation américaine de l’Allemagne, etc.).

Outre sa reconstitution historique précise et sans artifices, la force du film réside dans le portrait d’une femme engagée à la détermination inébranlable, y compris lorsqu’il s’agit d’abandonner son fils pour se consacrer à sa cause. Le portrait tracé par l’auteur de Gudrun Esslin est sobre et décrit parfaitement la complexité de cette femme à la fois mère de famille et terroriste, autant amoureuse qu’elle était solitaire et qui n’a jamais pu trouver matière à satisfaction dans sa vie de couple. Dans le rôle de Gudrun, la prestation de la jeune actrice berlinoise Lena Lauzemis est tout à fait exceptionnelle. >> Charles-Henri Ramond

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