16 août 2012
DRAME | Origine : Grèce – Année : 2011 – Durée : 1 h 33 – Réal. : Yorgos Lanthimos – Int. : Ariane Labed, Aggeliki Papoulia, Johnny Vekris, Aris Servetalis, Stavros Psyllakis – Dist. / Contact : FilmsWeLike | Horaires / Versions / Classement : Cinéma du Parc
Résumé
Alps est une société secrète dont la mission des trois membres, à la demande des clients, consiste à ce qu’ils remplacent des personnes décédées, prétendant être encore vivantes.
En quelques mots
★★★
Avec Canine (2009), Yorgos Lanthimos confirmait l’inattendue naissance d’un nouveau cinéma grec débarrasé des recettes établies par les anciens réalisateurs, particulièrement ceux issus du schéma est-européen, réaliste, social et engagé, et dont le regretté Theo Angelopoulos avait jeté les assises. Après l’acerbe critique de la famille, et particulièrement du patriarcat de Kynodontas, le jeune cinéaste rebelle propose un film plus aéré, passablement moins iconoclaste, d’une certain façon linéaire, mais toujours aussi torturé et pessimiste sur la condition humaine. Il est clair que Alps, titre on ne peut plus approprié pour signifer l’aventure, le goût du risque et le danger, s’adresse à un public conditionné à une nouvelle cinématographie intentionnellement provocatrice, parfois même osant aller jusqu’à l’extrême gratuité, mais d’une force de caractère et de poigne fulgurante. Car Lanthimos est de ces jeunes loups qui optent pour la façon de faire et non pas sur une ligne narrative concrète. Il s’agit d’un cinéma purement cinématographique, irritant parfois, soumettant notre regard à un exercice continuel de va-et-vient insolites, discrets et soudainement, sans crier gare, s’éclatant comme par enchantement. Avouons tout de même que Alps est rempli d’idées, fourmille de mille est une variations sur la notion de mise en scène, se réinvente à chaque plan. Lanthimos rejette les conventions, se permet de créer des formules inédites autant dans la mise en scène, minimaliste à souhait, que dans la direction d’acteurs, là où l’improvisation semble régner et le débit des mots prend une tournure particulière. Sa mise en situation est clinique, froide, impersonnelle, glaciale parfois, intentionnellement désorientée. Dans un sens, son cinéma s’inscrit dans une certaine post-modernité du nouveau cinéma européen, celui des jeunes, plus ancrés sur les motifs existentiels et individuels que sur la collectivité. En cet âge parfois néfaste du moi exacerbé, Alps touche aux thèmes universels du deuil, de l’intime, de la sexualité et de la mort. Lanthimos frappe avec coup de poing, assume sa condition de cinéaste hors-circuit, mais il y a aussi chez lui une intense envie d’ériger, de construire. Malgré l’effroyable crise économique que traverse la Grèce en ce moment, quelques imprudents éclairés trouvent tout de même le moyen de produire des films. Et peut-être que c’est justement cette crise, ce manque de perspectives en l’avenir qui les pousse à inventer. Une façon comme une autre de survivre. Une chose est certaine : on peut d’ores et déjà compter sur le nouveau cinéma grec. >> Élie Castiel
MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
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