16 septembre 2012
>> Élie Castiel
Courtisane réputée et femme libre, Violetta aime Alfredo, jeune homme de bonne famille, d’un amour sincère. Mais pour sauver l’honneur de la famille, le père d’Alfredo réussit à convaincre la jeune femme de renoncer à cet amour. Prise de désespoir et consumée par la maladie, Violetta en mourra.
La première production de la saison 2012-2013 restera sans aucun doute dans les annales de l’Opéra de Montréal. Soirée magique que celle de La traviata. La mise en scène, le chant, l’interprétion, les décors, les éclairages, les costumes, tous ces éléments de l’expérience scénique participent harmonieusement et s’imbriquent les uns aux autres avec bonheur pour produire l’un des plus beaux mélodrames lyriques de Giuseppe Verdi.
À partir d’une histoire d’amour, pour l’époque, impossible, dû aux rigides conventions sociales, Verdi en tire une œuvre maîtresse qui se place au rang de ses plus populaires. Pour la simple raison qu’en se basant sur La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils, le grand compositeur romantique italien classe le sentiment amoureux parmi les plus importantes préoccupations humaines, le soumettant aux caprices du temps et aux hasards du destin. Mais La traviata de l’OdM, c’est surtout la présence de Myrtò Papatanasiu, la soprano grecque qui fait ici un début montréalais remarquable. Influencée par sa compatriote, la grande Maria Callas, elle conserve néanmoins son originalité en incarnant le personnage de Violetta selon les règles de la tragédie antique : s’approprier l’espace scénique, l’amadouer, transcender le réel en inventant une gestuelle du corps et du jeu qui le dépasse au même temps qu’il le confronte, et surtout et avant tout, se donner à la scène comme s’il s’agissait d’entrer temporairement dans un univers parallèle.
Belle complicité que celle de Fabrizio Maria Carminati à la direction musicale. Surprenants jeux d’éclairages d’Anne-Catherine Simard-Deraspe et costumes élegamment appropriés de Gail Bakkon. Dans la mise en situation, Michael Cavanagh évoque Franco Zeffirelli, mais privilégie toutefois son propre regard en évitant le trop grandiose et appuyé, préférant de loin la simplicité. De telle façon que de cette proposition, la partie chant et celle mise en scène s’entremêlent gracieusement sans se confronter l’une à l’autre. On soulignera également les décors de Tom Mays, en parfait accord avec les différents environnements où le drame se déroule.
Et finalement, les trois principaux chanteurs, ceux par qui la tragédie arrive. Le ténor italien Roberto De Biasio livre un Alfredo Germont digne, masculin et puissant; son compatriote Luca Grassi lui donne la réplique en interprétant un Giorgio Germont d’une énergie inégalée. Et puis Mirtò Papatanasiu, plus hellène que jamais dans son jeu éclairé de pure tragédienne. On ne soulignera jamais assez que La traviata 2012 de l’Opéra de Montréal mérite définitivement une sortie DVD.
MÉLODRAME | Compositeur : Giuseppe Verdi – Livret : Francesco Maria Piave, d’après La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils – Chanteurs principaux : Myrtò Papatanasiu (Violetta), Roberto De Biasio (Alfredo), Luca Grassi (Germont), Adian Ferguson (Flora), Jean-Michel Richer (Gastone), Karine Boucher (Annina), Patrick Mallette (Barone Douphol), Alexandre Sylvestre (docteur Grenvil), Tomislav Lavoie (marquis d’Obigny), David Menzies (Giuseppe) – Direction musicale : Fabrizio Maria Carminati – Orchestre symphonique de Montréal / Chœur de l’Opéra de Montréal – Mise en scène : Michael Cavanagh – Décors : Tom Mays – Costumes : Gail Bakkom – Éclairages : Anne-Catherine Simard-Deraspe Durée : 3 h (incluant 1 pause et 2 entractes) | Prochaines représentations : 18, 20 et 22 septembre 2012, à 19 h 30 – Place des Arts (Salle Wilfrid-Pelletier)
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