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La Chauve-Souris

27 janvier 2013

LA DOUCE LÉGÈRETÉ DE L’ÊTRE

>> Élie Castiel

Un beau matin, victime d’une farce de son ami Gabriel lors d’un bal masqué, le notaire Falke est obligé de traverser la ville, encore revêtu de son déguisement. Il jure de se venger.

Dans le domaine de l’opérette, parent léger et versatile de l’opéra, certaines adaptations peuvent s’avérer discutables, notamment lorsqu’il s’agit de transposer la période originale ou encore mieux mélanger des époques. Toujours est-il que dans la version récente de l’Opéra de Montréal, l’aventure s’avève aussi gracieuse et enthousiaste qu’un tant soit peu décevante. Côté décors, les 3 actes présente des lieux superbement pensés : l’intérieur du couple Gabriel et Rosaline, la salle de bal chez le Prince Orlofsky et finalement le bureau du directeur de la prison. L’art déco domine et nous sommes ravis.

Côté intrigue, tout est là, soit un imbroglio comico-sentimental où douce adultère, mensonge et réconciliation se côtoient pour le grand plaisir des spectacteurs. Mais était-ce une bonne idée d’avoir transposé l’action dans un Montréal des années 1930 ? Est-ce assez crédible ? Le jeu des comédiens-chanteurs s’en trouve affecté, parfois même allant vers des excès par moment, douteux. Pour agrémenter le récit, on a eu recours à Martin Drainville, efficace certes, comme il a l’habitude, mais qui parodie un peu trop le grand Olivier Guimond national, enchevêtrant humour populaire et hésitante sophistication. On a même droit à quelques minutes de music-hall en compagnie de Joséphine Baker (très convaincante Chantale Nurse), entourée de danseurs, dans une interprétation mémorable de J’ai deux amours. En soirée de première, la salle réagit comme il fallait s’y attendre.

Remarqué, entre autres, pour sa mise en scène de Il trovatore (2012), Oriol Thomas s’accapare de l’œuvre la plus populaire  de  Johann Strauss II et s’invente un univers particulier, quitte à effectuer quelques faux pas, mais avec prudence et assurance. Certes, un divertissement réchauffant en cette froide saison hivernale.

Quant aux récentes récriminations de Marc Hervieux voulant que les campagnes de l’OdM montrent les chanteurs plutôt que des mannequins jeunes et minces, avouons qu’il a réussi non seulement à démocratiser l’art fragile de l’opéra, mais sa revendication est une éclatante victoire de l’objectivité en matière de promotion. >> ★★

COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

Die Fledermaus | COMÉDIE | Compositeur : Johann Strauss II – Livret : Carl Haffnerm Richard Genée –– Direction musicale : Timothy Vernon / Orchestre symphonique de Montréal / Chœur de l’Opéra de Montréal – Mise en scène : Oriol Thomas – Décors : Richard Roberts – Costumes : Angus Strathie – Éclairages : Anne-Catherine Simard-Deraspe – Chorégraphe : Noëlle-Émilie Desbiens – Chanteurs principaux : Marc Hervieux (Gabriel), Caroline Bleau (Rosaline), Marianne Lambert (Adèle), Dominique Côté (Falke), Alexandre Sylvestre (Frank), Thomas Macleay (Alfred), Emma Parkinson (Prince Orlofsky), Martin Drainville (Frosch / Majordome), Aaron Ferguson (Blind), Jonathan Bédard (Ida), Chantale Nurse (Invitée) | Durée : 2 h 50 (incluant 2 entractes) | Prochaines représentations : 29 et 31 janvier, et 2 février, à 19 h 30 / Place-des-Arts (Salle Wilfrid-Pelletier).

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