21 janvier 2013
Les derniers moments de la vie d’un roi, parmi les communs des mortels, qui n’accepte pas l’idée de son inévitable finitude.
>> Élie Castiel
Se classant parmi les pionniers du théâtre de l’absurde, et dont Le Rhinocéros constitue l’exemple le plus frappant, Eugène Ionesco évoque à s’y méprendre notre dramaturge national Réjean Ducharme. Par la liberté de ton, par les mots qui paraissent incongrus mais offrent mille et une interprétations, par la gouaille qui se dégage des personnages, par leur implication dans un univers hors de la réalité et qui, justement, n’est que son propre reflet-miroir.
Dans l’adaptation de Frédéric Dubois, il y a, comme c’est souvent le cas depuis quelque temps dans l’univers théâtral de la modernité, une tentative voulue de destabilisation des spectateurs, pour ensuite les reprendre comme par un petit tour de magie. C’est cela la force de la mise en scène de Dubois.
Ce récit de mort annoncée parle de finitude, comme d’ailleurs son titre l’indique, mais aussi de décrépitude, de déni, de peur, d’angoisse, de colère, de mensonges et de vérités qu’on s’invente au nom de la vaine survie, et finalement de dure résignation. Deux univers se confrontent, celui du bon sens (accepter la mort) et celui de l’espoir vaincu (croire qu’il n’y a pas de fin). Il y a, dans Le roi se meurt, une mise en scène de la mort qui approche, sans doute personnage principal de ce récit initiatique. Oui, initiatique car personne n’est préparé à cet inéluctable destin. Mais ici, il prend l’allure d’un spectacle, celui de l’absurde, par choix dramaturgique, et aussi parce qu’il s’agit d’une cérémonie, d’un rituel auquel nous sommes tous confrontés, qui nous épie sans cesse et nous forcent à réagir. D’où sa propre folie à la fois volontaire et soumise.
En attendant, admirons les magnifiques décors d’Anick La Bisonnière, particulièrement ce grandiose miroir lancé aux spectateurs qui ne fait que les placer, témoins-complices, au centre d’une histoire de vie et de mort, entre la vie et la mort, racontée depuis la nuit des temps.
COTE : ★★★
DRAME | Auteur : Eugène Ionesco – Mise en scène : Frédéric Dubois – Décors / Scénographie : Anick La Bisonnière –Éclairages : Martin Labrecque – Costumes : Linda Brunelle – Trame musicale : Pascal Robitaille – Comédiens : Benoît McGinnis, Violette Chauveau, Patrice Dubois, Kathleen Fortin, Émilien Néron, Isabelle Vincent | Durée : 1 h 45 (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 9 février 2013 – TNM.
COTES
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