4 avril 2013
Résumé
Immersion viscérale dans les entrailles d’un navire. Rencontre brutale entre l’homme, la nature et la machine. Film essai, anthropologique, expérience abstraite. Leviathan est tout cela à la fois.
En quelques mots
★★★★
Après avoir abordé l’élevage ovin dans les prairies du Montana (Sweetgrass, 2009), l’ethnologue Lucien Castaing-Taylor nous convie cette fois au large des côtes de New Bedford, Massachusetts, capitale baleinière immortalisée par Herman Melville dans Moby Dick, pour nous transporter comme jamais auparavant dans l’univers rugueux de la pêche industrielle. Depuis sa présentation l’an dernier dans de nombreux festivals internationaux (dont les RIDM à l’automne dernier), les commentaires élogieux et les qualificatifs dithyrambiques n’ont cessé de décrire cet hallucinant objet de cinéma, exempt de toute possibilité de catégorisation.
À mi-chemin entre l’observation anthropologique stricte et le film d’art expérimental, la virée que nous proposent Castaing-Taylor et sa collègue française Véréna Paravel à bord de ce chalutier de métal hurlant ressemble bel et bien à un cauchemar, enfoui irrémédiablement dans les profondeurs d’un océan d’effroi. À l’aide de multiples caméras numériques placées sur les corps des pêcheurs ou à divers endroits du bateau, ils captent les images de ces marins aux gestes mécaniques ne faisant qu’un avec leur machine mangeuse de chair. Filmé de nuit et sans dialogues, les sonorités multiples et ultra-travaillées, et les images d’une brutalité indicible finissent par nous engloutir dans une mosaïque sensorielle proprement terrifiante. Mais au-delà de l’œuvre, ce film-expérience illustre de manière plus que convaincante l’immense gâchis écologique créé par la pêche intensive.
Voilà comment, sans moralisation ni discours, un essai ethnographique d’une telle ampleur parvient à rendre magnifiquement tangible un pillage environnemental largement débattu au niveau international depuis plusieurs années. Avant Leviathan, l’emprise destructrice de l’homme sur la nature n’avait peut-être jamais été aussi éloquemment évoquée. >> Charles-Henri Ramond
DOCUMENTAIRE | Origine : France / Grand-Bretagne / États-Unis – Année : 2012 – Durée : 1 h 27 – Réal. : Véréna Paravel, Lucien Castaing-Taylor – Dist. / Contact : EyeSteelFilm | Horaires / Versions / Classement : Excentris
MISE AUX POINTS
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