14 avril 2013
>> Luc Chaput
47 ans jour pour jour après l’inauguration du Planétarium Dow situé à proximité du centre-ville, a eu lieu en ce début du mois, l’inauguration du nouveau planétarium de Montréal http://espacepourlavie.ca/planetarium situé avec ses confrères muséaux de l’Espace pour la vie dans et autour du Parc olympique. Constitué de deux cônes tronqués recouverts d’aluminium qui chatoie à la lumière du jour, cet édifice commandité par la société Rio Tinto Alcan emploie de diverses manières les images pour nous amener au loin sur la piste des étoiles.
Tout d’abord le Théâtre du Chaos présente Continuum des artistes multidisciplinaires Michel Lemieux et Victor Pilon. On nous invite à s’asseoir ou plutôt s’allonger sur des gros sacs (bean bags) d’une consistance malléable épousant les formes du corps où il fait bon se lover pour un voyage intersidéral d’une vingtaine de minutes. À partir d’un ciel étoilé peu nuageux propice au regard introspectif, le spectateur est attiré puis happé des images de synthèse trouvant leur base et leur origine dans les milliers de clichés et de photos prises par les divers satellites et observatoires qui scrutent de plus en plus le ciel.
La musique de Philip Glass, moins répétitive qu’à l’habitude, soutient cette projection dans un dôme circulaire où la vision humaine est enveloppée de tous cotés même si l’essentiel du voyage visuel se situe plutôt au centre de cette coupole cinématographique. Les images se modifient à grande vitesse et l’on peut reconnaître quelques phénomènes galactiques croisés, pénétrés puis dépassés vers un infini qui se retourne sur lui-même pour nous ramener finalement dans un rêve éveillé au fond de la mer où des bancs de poissons nagent au-dessus de nous. Les deux concepteurs et artisans de cette expérience ont donc réussi brillamment à nous redonner cette sensation que l’on peut avoir à la campagne ou même en banlieue loin de la pollution lumineuse de nos grandes villes ou des abords d’autoroutes.
Un projecteur optomécanique de dernière génération est le générateur d’images dans le Théâtre de la Voie lactée qui est le deuxième lieu de ce voyage immobile dans l’espace. Chaque jour, le ciel de Montréal de cette nuit-là à 21 heures sera présenté sur le dôme dans cette salle où les spectateurs sont assis sur des fauteuils à inclinaison variable selon leur situation dans la pièce. Un conseiller scientifique expliquera les divers éléments avant d’amener le spectateur dans un voyage virtuel en vaisseau spatial vers les confins toujours plus distants de l’Univers tant par l’expansion naturelle de celui-ci que par notre compréhension scientifique de ces phénomènes. Il est même suggéré d’apporter ses jumelles pour mieux voir certains de ces phénomènes de manière plus précise, la qualité des projections d’images étant plus précise que celle visible à l’œil nu. Après ce double voyage onirique puis plus terre à terre dans l’espace, une exposition nommée Exo sur les traces de la vie dans l’univers permet de manière interactive d’apprécier entre autres des spécimens de la collection de météorites. Il manque pourtant à ce lieu d’exploration scientifique des pièces où une histoire plus ou moins détaillée des diverses visions astronomiques du monde depuis les temps anciens pourrait être présentée. Il serait souhaitable de déménager la statue de Nicolas Copernic qui est devant l’ancien édifice ou de placer une autre œuvre d’art inspirée par exemple d’un astrolabe pour bonifier la qualité picturale du voisinage.
Ce nouvel édifice scientifique-culturel montréalais a donc relevé avec art le défi de l’intégration des images à des fins ludiquement éducatives et ce dans un écrin magnifique.
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