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The Number 14

3 mai 2013

JEU DE MASQUES

>>  Élie Castiel

Des personnes de divers horizons, classes sociales, âges et conditions entrent et sortent d’un autobus de ville.  Six comédiens interprètent à leurs façons la soixante de personnages qui composent cette faune bigarrée.

Abstrait, iconoclaste, imprévu, fou, drôle pour certains (mais pas pour l’auteur de ces lignes), enfantin, assumant la technique de la bêtise avec une franchise désarmante, ne se souciant guère du qu’en-dira-t-on. Tel se présente cet étrange voyage à travers le conscient populaire. Une chose est claire : il faut souligner la patience des comédiens qui durant près de deux heures ne cessent de répéter les mêmes gestes et crier les mêmes paroles sans crier gare, insouciants, hors du temps. Sans doute métaphore de la folie d’aujourd’hui, d’une société mondialisée qui ne sait pas où elle va, et surtout qui ne cherche pas à savoir où aller.

Le soir de la première, les spectateurs déliraient, emportés par ce vent de folie peu ordinaire. Mais c’est long, trop long, interminable. Et ces recours à Monthy Python, à la Commedia del’Arte, aux films muets et, entre autres, au vaudeville, nous semblent étranges, déplacés, grossis à tel point que ça dérape. La mise en scène, aussi bordélique que les personnage finit par ennuyer, voire même irriter. Pourquoi tant de rires dans la salle? Pourquoi autant de tonnerres d’applaudissements pour des situations qui nous échappent.

Satire de la société. Rituels humains exacerbés. Silences qui se veulent révélateurs. Gestes du quotidien qui éclaboussent notre objectivité. Tout est présenté à l’extrême, poussant les limites du théâtre jusqu’à les rendre insupportables.

Encore une fois, une déception pour l’auteur de ces lignes. Quant aux autres, à voir si l’absurde inconditionnel, manquant de goût et le plus souvent terriblement puéril les intéresse. Soulignons par contre le décor approprié, un très beau jeu d’éclairages et des costumes au diapason des personnages qui les portent. Et aussi des masques, ceux que l’on porte au quotidien et qui finissent par nous rendre aussi distants et parfois même monstrueux. Sur ce point, le grand Federico Fellini a, quant à lui, su rendre cet aspect de l’humain aussi affriolant que jouissivement provocateur. Ce n’est pas le cas ici ! ( 1/2 )

COMÉDIE SATIRIQUE | Mise en scène : Wayne Specht – Décors / Accessoires : Normand Blais – Musique : Douglas Macaulay – Éclairages : Gerald King – Costumes : Nancy Bryant  – Masques : Melody Anderson – Comédiens : Chris Adams, Morgan Brayton, Stefano Giulianetti, Neil Minor, Tracey Power (jusqu’au 12 mai), Sarah Rodgers (21 au 26 mai) | Durée : 2 h (incluant 1 entracte) – Représentations : Jusqu’au 26 mai 2013 – Centaur .

MISE AUX POINTS
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.

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