1er août 2013
Résumé
La petite Wadjda, 12 ans, habite dans une banlieue de Riyad. Pleine de vie, elle porte des jeans et des baskets, écoute de la musique moderne et rêve d’avoir une bicyclette. Mais en Arabie saoudite, les vélos sont réservés aux hommes.
En quelques mots
★★★ 1/2
Si Haifaa Al-Mansour a réalisé un film de femme pour les femmes, c’est précisément qu’elle met en scène le personnage non clivant de Wadjda pour affirmer que seules les femmes (ici, la petite fille et elle-même) pourront changer les choses. Pour ce faire, elles doivent décider de ne plus tenir le système patriarcal pour acquis et ne plus voir dans les hommes leurs uniques persécuteurs. Pour la réalisatrice, les femmes cesseront d’être de simples victimes le jour où elles cesseront d’être leurs propres bourreaux. Elles doivent agir comme si la discrimination sexuelle n’existait pas. À ce titre, Wadjda est à voir au deuxième degré : c’est pour ainsi dire un film au carré. Il raconte une histoire qui renvoie directement à lui-même : le vélo de Wadjda, c’est le film d’Al-Mansour. Au-delà des ressemblances physiques qui existent entre la chaîne et la pellicule, entre les dérailleurs et les bobines, au-delà du fait que le cinéma comme le vélo visent à produire du mouvement, une ironie qui prend tout son sens dans un pays conservateur, réaliser un film c’est comme faire du vélo : interdit, tabou. Personne ne s’y risque : on respecte la règle, on l’intègre, on l’assimile. Il faut attendre l’effrontée, l’inadaptée, celle qui refuse le système, la jeune fille qui fait du vélo, comme son double réel qui réalise un film, indifférente à des règles qui ne sont et ne seront jamais les siennes. Et c’est de là que naît l’immense optimisme du film : combattre la discrimination, ça commence par refuser d’assimiler les clivages culturels qu’on tente de faire passer pour naturels. Agir comme si c’était possible, pour témoigner que c’est effectivement possible. Faire du vélo pour montrer qu’une fille peut faire du vélo (ce qui ne choque d’ailleurs pas grand monde à la fin du film), réaliser un film pour montrer que c’est possible de faire un film, même dans une Arabie saoudite wahhabite, même pour une femme. Ne pas être dupe de soi-même et de ce que l’on peut ou ne peut pas faire. >> Aliénor Ballangé
CHRONIQUE SOCIALE | Origine : Arabie saoudite / Allemagne – Année : 2012 – Durée : 1 h 37 – Réal. : Haifaa Al-Mansour – Int. : Reem Abdullah, Abdulrahman Al Gohani, Waad Mohammed, Sultan Al Assaf – Dist. / Contact : Métropole | Horaires / Versions / Classement : Beaubien – Cineplex – Excentris
MISE AUX POINTS
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