25 septembre 2013
Les amours contrariées de la belle Lakmée, fille du brahmane Niakantha, et de Gerald, officier anglais, sont sujettes aux différences de classe et avant tout de religion et de coutumes.
C’est avec Lakmé, en 1883, que Léo Delibes connaît le véritable succès, alors que le reste de son œuvre le place dans une catégorie de compositeur hybride (au sens positif du terme). Avec Lakmé, il propose, pour son époque, une variation intéressante sur le mélodrame chanté. Mais en cette deuxième décennie du XXIe siècle, l’argument qu’entretient cet opus du répertoire classique ne tient plus debout pour les esprits bornés.
C’est donc avec le sourire aux lèvres, une touche de curiosité innocente et un amour inconditionnel pour la musique pure que la première production de la saison 2013-2014 de l’Opéra de Montréal peut se savourer. Les décors de Mark Thompson s’harmonisent parfaitement au récit, conservant des attributs à la fois désuets et charmants. Le voile qui sert aussi de (deuxième) rideau entre chacun des trois actes suscite chez le spectateur ce goût pour le vieux-jeu, le mélancolique et le nostalgique. Tout dans le Lakmé de l’OdM inspire le passé, le récit, bien entendu, mais aussi la mise ens scène d’Alain Gauthier, tout à fait conscient du matériau qu’il a entre les mains. Aux adaptations modernes qui parfois dénaturent de façon désagréable les mises en structure originales, il préfère suivre la tradition. C’est pour cette raison qu’il serait inéquitable de juger trop vite une œuvre qui n’est pas de son temps. En se déplaçant dans notre siècle, elle demeure, le temps que dure le spectacle, une sorte de somptueux rêve éveillé que seuls les ouverts d’esprit pourront apprécier.
Côté voix, il est bon de lire les surtitres français et de vérifier si les mots sont bien prononcés. Verdict : positif. Côté interprétation, l’ensemble nous a paru un peu statique, les rôles principaux n’occupant pas l’espace scénique favorablement. Quelques moments intimes, surtout à la fin, arrivent à nous émouvoir et d’un coup, comme par magie, le rideau tombe et nous nous éveillons de ce doux songe illusoire.
COTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. ★ Moyen. ☆ Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES.
MÉLODRAME MUSICAL | Compositeur : Léo Delibes – Livret : Edmond Gondinet, Philippe gille, d’après le roman Le Mariage de Loti, de Pierre Loti –– Direction musicale : Emmanuel Plasson / Orchestre Métropolitain / Chœur de l’Opéra de Montréal – Mise en scène : Alain Gauthier – Décors : Mark Thompson – Costumes : Mark Thompson – Éclairages : Anne-Catherine Simard-Deraspe – Chanteurs : Audrey Luna (Lakmé), John Tessier (Gérald), Bubak Bigili (Nilakantha), Dominique Côté (Frédéric), Emma Char (Mallika), Florie Valiquette (Ellen), Rachèle Tremblay (Mistress Bentson), France Bellemare (Rose), Aaron Sheppard (Hadji) | Durée : 3 h (incluant 2 entractes) | Prochaines représentations : Jeudi 26 et Samedi 28 septembre 2013 à 19 h 30 / Place-des-Arts (Salle Wilfrid-Pelletier).
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