4 octobre 2013
À l’occasion d’un repas d’anniversaire, Terry et Robert, un couple italien de Saint-Léonard, reçoivent leurs parents respectifs, ainsi que la matriarche, la grand-mère. Ils ont l’intention de leur annoncer une nouvelle. Ce qui commence autour de la table dans la bonne humeur se transforme en petites et grandes disputes au cours desquelles chacun des personnages se penche sur son idiosyncrasie, révélations à l’appui.
L’auteur de Mambo italiano, dont l’originalité tenait du fait que le personnage principal était homosexuel, continue à brosser le portrait de la famille italienne de Montréal, et tout particulièrement celle de l’arrondissement Saint-Léonard, endroit qui, selon les propos d’un des protagonistes, accueillent de plus en plus d’immigrants d’autres nationalités. Plusieurs italiens se sont d’ailleurs installé dans d’autres régions, hors de la métropole.
Nous aurions dû nous réjouir de la nouvelle pièce de Steve Galluccio. D’habitude, le dramaturge ne mâche pas ses mots, bouscule les conventions comme bon lui semble, fait dire à des personnages plutôt conservateurs et grands défenseurs des valeurs familiales et traditionnelles des paroles qu’ils n’auraient jamais prononcées dans la vraie vie, ou du moins ouvertement. En excellent observateur de son appartenance ethnique, il oblige ses protagonistes à se remettre en question et à défendre les nouvelles valeurs sociales, celles du XXIe siècle. Car un des dénominateurs communs propre aux nouveaux arrivants est le peu d’ouverture aux revendications comme le droit à l’avortement, la laïcité dans toutes ses formes, le droit des homosexuels… En dramaturge, Galluccio a choisi la comédie douce-amère pour remettre les pendules à l’heure, sans doute le meilleur moyen de convaincre.
Mais là où The St. Leonard Chronicles fait défaut, c’est dans la présentation à notre époque de personnages d’un autre temps. Si la mise en scène de Roy Surette est simple, soit une salle à manger et une cuisine qui détermine la classe sociale des convives et dans le même temps facilite agréablement le jeu d’éclairages d’Ana Cappelluto, le dialogue abonde de clichés, rendant la dynamique italienne caricaturale et limitée à une seule classe sociale. Hors, il existe un nombre non négligeable d’intellectuels (dans le sens positif du terme, puisque ce qualificatif devient de plus en plus tabou dans notre société) d’origine italienne (docteurs, académiciens, réalisateurs, comédiens, professeurs au niveau universitaire, militants politiquement engagés). Quelles légers écarts de langage se glissent par-ci par-là, laissant la place plus tard à des dialogues un peu plus accueillants. On parle de tout et de rien, du travail, de relation de couple, de nostalgie (dans le cas de la grand-mère), de véritable amour et de trahison, de confessions qu’on aurait dû éviter.
Proche des soap-operas aux heures de grande écoute, cette chronique familiale évite d’aller au fond des choses. La séquence finale produit peut-être une certaine émotion vite interrompue par un retour à la réalité. La voix-off annonçait le spectacle en anglais, en français… et en italien. L’aurait-elle fait si la pièce représentait un des autres groupes ethniques, comme le portugais, l’arabe, l’espagnol ou le grec ? Reconnaissons par contre l’enthousiasme des auteurs et de comédiens pour nous permettre de donner à The St. Leonard Chronicles une légère note de passage.
COMÉDIE | Auteur : Steve Galluccio – Mise en scène : Roy Surette – Décors : Anne-Séguin Poirier – Éclairages : Anna Cappelluto – Costumes : Anne-Séguin Poirier – Comédiens : Dorothée Berryman (Gina), Christina Broccolini (Terry), Guido Cocomello (Robert), Ellen David (Elisa), Michel Perron (Carmine), Vottorio Rossi (Dante), Jocelyne Zucco (Dora)| Durée : 1 h 30 (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 3 novembre 2013 – Centaur (Grande Salle)
COTE
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