11 novembre 2013
Tant au théâtre, au cinéma et à l’opéra, le personnage de Falstaff bénéfie d’un accueil public enthousiaste et le plus souvent dithyrambique de la critique. Le Falstaff de l’Opéra de Montréal restera dans les mémoires. La mise en scène, le jeu ludique et emporté de tous les comédiens-chanteurs, les différents registres des voix, le recours au théâtre et surtout la complicité entre tous les personnages font de cette production l’une des plus lumineuses de ces quelques dernières années.
Falstaff domine la scène, se prend pour un autre, se laisse emporter par les jeux illusoires de l’amour et finit par apprendre sa leçon, ne s’empêchant pas de la donner donner, à sont tour, à ces mauvais farceurs.
Ici, tout le monde est bon, tout le monde est gentil, tout en étant humain avec ses multiples défauts. La nature de l’individu, qu’il soit homme ou femme, n’a jamais été aussi bien dépeinte. En digne observateur de son époque qui, jusqu’à un certain point, ressemble à la nôtre, imparfaite, multiforme, traitresse, là où les gestes de l’amour ne sont pas toujours sincères, mais là où tant d’individus prennent leurs rêves pour des réalités, Shakespeare se fait la voix et la voie de la raison.
Si le décor de Jon Conglin est simple, il utilise tous les moyens techniques pour reconstruire l’espace approprié à chaque acte ou scène. Et c’est justement sa souplesse qui nous émerveille. Les chanteurs, grâce à la mise en scène équilibrée et ludique de David Gately, occupent l’espace qui leur est dû avec délicatesse et sens du mouvement.
Ça faisait longtemps que nous n’avions pas autant ri à l’opéra. Oubliant les grandes tragédiennes ou les chevaliers ambitieux, nous sommes ici devant un éventail de divers personnages jouant les multiples émanations de la nature humaine sur un ton ludique. Nous éprouvons un plaisir fou à les voir se démener sur scène. Et jamais public ne fut aussi réceptif et complice, justifiant ainsi une standing ovation (ovation debout) hautement méritée. Exceptionnel !
COMÉDIE | Comp. : Giuseppe Verdi – Livret : Arrigo Boito, d’après Les Joyeuses commères de Windsor (The Merry Wives of Windsor) de William Shakespeare – Dir. mus. : Daniele Callegari / Orchestre Métropolitain / Chœur de l’Opéra de Montréal – Mise en scène : David Gately – Déc. : John Conklin – Cost. : John Conglin – Éclair. : Éric W. Champoux – Chanteurs : Oleg Bryjak (Falstaff), Gregory Dahl (Ford), James McLennan (Fenton), James McLennan (Dr. Cajus), Jean-Michel Richer (Bardolfo), Ernesto Morillo (Pistola), Gianna Corbisiero (Mrs. Alice Ford), Aline Kutan (Nannetta), Mrs. Quickly (Marie-Josée Lemieux), Mrs. Meg Page (Lauren Segal), Antoine Duguay (un page), Michel Beaulieu (Hôtelier) | Durée : 2 h 45 (incluant 1 entracte) | Prochaines représentations : Mardi 12, Jeudi 14 et Samedi 16 novembre 2013 / 19 h 30 / Place-des-Arts (Salle Wilfrid-Pelletier).
COTES
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