21 décembre 2013
Aujourd’hui. Dans une maison de campagne à moins d’une heure de Montréal, trois couples pendent la crémaillère pour fêter le nouveau chalet de l’un d’eux. Et une femme apparaît, semant la discorde, ou presque.
L’adaptation de Michel Tremblay s’adapte magnifiquement bien à la version québécoise de cette pièce française, quoique le sujet, à priori, est universel. Quoi de mieux que de parler du couple, de ses obsessions, de ses angoisses, de ses jalousies et surtout de son insécurité. Tout ici est pris à la légère, mais derrière toutes ces paroles qui font éclater de rire la salle, derrière ces gestes du quotidien où l’on se reconnaît, parfois même avec gêne, voici un regard à la fois réaliste et tendre sur la vie à deux.
La plume d’Éric Assous n’est pas cruelle, mais autoritaire ; elle griffe par petites doses l’adultère au masculin, fait vibrer les cordes sensibles de la femme en lui attribuant les armes de la victoire, les mots assassins et les gestes sous-entendus, et sans crier gare, égratigne les conventions. C’est jouissif à souhait, dynamique, d’une douce folie contagieuse. Mais ce qui ressort de L’Esprit de famille, c’est que l’homme, en général, sera éternellement tentée par les délices éphémères de l’adultère. Et pourquoi pas la femme aussi, même si la question n’est pas posée ou même évoquée ici, en filigrane !
La plume de Tremblay invite la langue de la majorité, le québécois non châtié par un certain snobisme. Ses mots sont naturels, imprévisibles, débordant de vie, situés dans un espace social qui revendique sa place. Et les décors de Normand Blais s’harmonisent adroitement à cette situation. On dira la même chose pour les costumes de Pierre-Guy Lapointe, autant pour les hommes que pour les femmes (y compris, l’invitée-surprise), qui s’adaptent à la classe sociale dont il est question, la petite bourgeoisie.
Cadeau idéal de fin d’année, L’Esprit de famille nous rappelle que le plus souvent nous oublions l’une des caractéristiques essentielles de l’existence : nous sommes tous vulnérables.
COMÉDIE | Auteur : Éric Assous – Adaptation : Michel Tremblay – Mise en scène : Monique Duceppe – Décors / Accessoires : Normand Blais – Éclairages : Kareen Houde – Costumes : Normand Blais – Comédiens : Yves Bélanger (David), Anne Cassabone (Christelle), Antoine Durand (François), Catherine Florent (Talia), Roger La Rue (Yvon), Linda Sorgini (Martine), Catherine-Anne Toupin (Nicole) | Durée : 1 h 50 (sans entracte) – Représentations : Jusqu’au 8 février 2014 – Duceppe .
COTES
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