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Le Carrousel

18 janvier 2014

LES MOTS DE LA RÉDEMPTION
Élie Castiel
CRITIQUE : ★★★

Le premier texte de la trilogie de Jennifer Tremblay, La Liste (également transposé sur scène), nous avait échappé. Le deuxième, Le Carrousel, propose une écriture d’une profonde érudition. Mots simples, de tous les jours, ceux qui se transmettent de mères en filles, une écriture au féminin, mais là où les hommes sont également présents, là où les contraires se mélangent plus pour le meilleur que pour le pire. Les protagonistes ont pour noms ici Florence, Marie et Constance, mais toutes incarnées par une seule et même personne, Sylvie Drapeau, qui réussit le coup de ne pas se laisser ensevelir par une immense décor d’un rideau magnifiquement brodé datant d’une autre époque, provoquant un écrin de nostalgie chez certains spectateurs.

Ou encore mieux, intemporel, un décor unique relevant le défis des diverses décennies auxquelles la femme, quel que soit son nom, fait renaître par les souvenirs.  Il y a chez les personnages de Tremblay, une rage, un « cri de femme », une thérapie individuelle pour faire face  avec sérénité au passé et au présent et pour mieux envisager l’avenir.  Plus que tout, Le Carrousel est un texte poignant sur le « devenir », sur la prise en charge de ce qui nous a façonné depuis nos premiers jours.

Les mots de Tremblay sont beaucoup plus du terrain de la lecture que de la représentation théâtrale, mais le miracle opère par la durée du spectacle, un peu plus d’une heure. Prolonger la représentation aurait sans doute miné la concentration des spectateurs. Quels sont les souvenirs que traverse la seule femme sur scène ? Quels sont les travers de la vie auxquels elle a dû faire face ? Toujours est-il que la Drapeau demeure entière, partagée entre un personnage et l’autre, leur attributant une parfaite adéquation. Avec Le Carrousel, le théâtre québécois contemporain confirme sa créativité féconde, consciente de son époque et guidée par un souci farouche de finalement trouver  son identité.

SPECTACLE SOLO (DRAME) | Auteure : Jennifer Tremblay – Mise en scène : Patrice Dubois – Scénographie : Guillaume Lord – Éclairages : Alexandre Pilon-Guay – Musique : Pascal Robitaille – Costumes : Elen Ewing – Interprétation : Sylvie Drapeau | Durée : 1 h 05 (sans entracte)  – Représentations : Jusqu’au 8 février 2014 – Théâtre d’Aujourd’hui (Grande Salle)

COTE
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Remarquable. ★★★ Très bon. ★★ Bon. Moyen. Mauvais. ☆☆ Nul … et aussi 1/2 — LES COTES REFLÈTENT UNIQUEMENT L’AVIS DES SIGNATAIRES

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