3 mai 2014
Paradoxalement, les temps changent tout en demeurant malgré tout les mêmes, traînant avec eux l’art du pur divertissement populaire dans des sphères étranges. Sur ce point, l’incontournable Cirque du Soleil n’a pas changé sa stratégie de séduction, arborant d’année en année l’étendard d’une thématique au goût du jour, de celles qui rassurent la majorité des spectateur quant à leur assimilation au monde d’aujourd’hui.
Mais le titre Kurios : Cabinet des curiosités n’est pas totalement à la hauteur de nos attentes et ne remplit son mandat qu’à moitié, sans doute un peu moins. De ce titre à consonance grecque séparé par une virgule, il ne reste que « Kurios » car le cabinet est lui absent, au profit d’une piste scénique qui déploie tout un arsenal plutôt original oscillant entre les multiples Star Wars (La Guerre des étoiles), les films de science-fiction de série B et un amour inconditionnel voué au cirque.
Les clowns semblent avoir disparu, sauf pour cet épisode fâcheux de l’homme-chien et de sa maîtresse (kidnappée parmi les spectatrices). Humour plutôt bas de la ceinture, mais qui plaît à un auditoire passionné par le scabreux dont un certain cinéma du genre « comédie » les a habitués depuis de nombreux années.
Quelques numéros, dont celui de la table ronde et des chaises en forme de miroir réflexif nous a laissé perplexes. Idem pour les nombreux moments d’équilibrisme. Mais passée presque inaperçue, la charmante et adorable liliputienne nous rappelle à quelques reprises que l’art du cirque était plus grandiose autrefois, avec ses clowns Pierrot-lunaires, ses animaux de foire, ses extravagances de mise en scène. Ses quelques paroles dans une langue probablement slave nous confirmaient le caractère universaliste de cet art de la représentation. Émouvant !
Mais il va falloir que le Cirque du Soleil, comme d’ailleurs n’importe quel autre cirque, ne propose plus de thématique. Le cirque, comme pour la danse, est un art où le corps prend le dessus et s’empare de la scène pour mieux la manipuler. Et plus encore, le charpente humaine se fait roi ou reine, défiant les lois de la gravité avec élégance, risque et un enthousiasme déchirant. Sur ce point, Kurios donne la voix et le geste à ces artistes qui ne demandent que ça. Un beau cadeau, en somme !
Représentations : Jusqu’au 13 juillet 2014, Chapiteau du Vieux-Port de Montréal.
MISE AUX POINTS
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