18 mai 2014
Avec Turandot, l’Opéra de Montréal clôture avec panache une saison marquée par la diversité des œuvres proposées. Avec Puccini on ne peut guère se tromper tant sa musique englobe, par ses diverses tonalités et multiples variations, toute une gamme d’émotions.
Cette production de l’Opera Australia se démarque par sa majestuosité, son décor grandiose, son souffle épique et sa détermination à épater une grande partie des spectateurs. Le metteur en scène et chorégraphe Graeme Murphy a eu la main (quasi) heureuse le soir de la première. Sa précise utilisation de l’espace témoigne d’une coordination subtile dans les déplacements des protagonistes. Le contrôle quant au nombre de personnages sur scène est savamment maîtrisé ; la chorégraphie se situe au niveau du genre, simple, sans véritablement moments d’éclats, mais adéquate.
Sur ces points, la Turandot de l’OdM est une réussite. Mais c’est chez les chanteurs que la production n’est pas à totalement à la hauteur, même si on doit reconnaître que vers la fin, ils se reprennent, faisant de leurs personnages des êtres marqués par la roue du destin. Kamen Chaney (Calaf) et Galina Shesterneva (Turandot), bien qu’adéquats dans le timbre, ne possède pas la force dramatique qu’exige le rôle qu’ils incarnent. Sans contexte, Hiromi Omura (Liù) demeure la grande surprise de la soirée, tant par son jeu émouvant, énergique, senti, sa voix riche en émotion et sa présence d’un charme époustouflant. La preuve nous l’avons eu dans l’incontournable ovation debout à la fin du spectacle.
Autre clou de la soirée : le trio de ministres Ping Pang et Pong ; nul doute qu’ils s’en tirent avec tous les honneurs, alliant parfaitement drame et comédie. L’humour qu’ils dégagent se répand autant sur scène que dans l’auditoire. D’autre part, on ne peut passer sous silence l’air le plus célèbre dans Turandot, le célèbre Nessun dorma que tous attendent avec impatience. Celui de Kamen Chanev aurait dû être plus vigoureux, chanté avec plus de puissance dramatique et joué avec plus d’énergie ; sur ce plan, le geste demeurait trop figé. On peut supposer qu’il rectifiera son tir au cours des prochaines représentations. Mais force est de souligner qu’avec Turandot de Puccini, l’Opéra de Montréal prouve une fois de plus que c’est dans le classique traditionnel que l’opéra se démarque le plus des autres disciplines artistiques.
[ DRAME ROMANTIQUE ]
Compositeur : Giacomo Puccini – Livret : Giuseppe Adami et Renato Simoni, d’après la pièce After a Play, de Carlo Gozzi – Direction musicale : Paul Nadler / Orchestre Métropolitain / Chœur de l’Opéra de Montréal / Les Petits Chanteurs du Mont-Royal / Les Voix Boréales – Mise en scène / Chorégraphe : Graeme Murphy – Décors / Costumes : Kristian Fredrikson – Éclairages : John Drummond Montgomery – Chanteurs : Galina Shesterneva (Turandot), Kamen Chanev (Calaf), Hiromi Omura (Liù), Grigori Soloviov (Timur), Jonathan Beyer (Ping), Jean-Michel Richer (Pang), Aaron Sheppard (Pong), Guy Bélanger (Empereur Altoum), Josh Whelan (un mandarin) | Durée : 2 h 40 (incluant 2 entractes) | Prochaines représentations : mardi 20, jeudi 22 et samedi 24 mai, à 19 h 30 / Place-des-Arts (Salle Wilfrid-Pelletier).
MISE AUX POINTS
★★★★★(Exceptionnel) ★★★★ (Très Bon) ★★★ (Bon) ★★ (Moyen) ★ (Mauvais) 1/2 (Entre-deux-cotes)
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